Fable écologiste du Studio Ghibli d’Hayao Miyazaki, « Pompoko » nous entraîne sur le territoire (en bien mauvaise posture) d’un clan de « tanukis », une espèce de canidés peuplant effectivement l’extrême orient, et ayant toujours eu une place de choix dans les différents panthéons locaux. On leur attribuerait maints pouvoirs, dont celui de changer de forme ; ce qu’exploite habilement Isao Takahata en en faisant le ressort comique de son dessin animé. On sent bien, par là-même, l’importance et l’originalité de la spiritualité nippone.
L’œuvre est bien entendu plein de poésie, pleine également d’une drôlerie polissonne qui pourrait en surprendre quelques uns. Malgré le ton léger et badin, « Pompoko » (le son produit par le ventre rebondi d’un tanuki lorsqu’il joue du tambour dessus) n’en reste pas moins une sorte d’hommage rendu aux animaux sauvages…et aux hommes, qui restent aux yeux de Takahata des animaux s’étant privées eux-mêmes de leur liberté sauvage (dans le sens noble du terme)…
L’analogie est évidente, comme en témoigne à la fin le truchement par lequel les tanukis seront obligés de passer pour survivre dans nos lèpres urbaines…
Le réalisateur évoque de vrais lieux, de vrais problèmes d’urbanisme, en se plaçant de l’autre côté du brin d’herbe, quand la pelleteuse arrive pour raser les collines et les forêts.
On pourra reprocher à « Pompoko » d’être parfois un peu longuet et de rester trop longtemps concentré sur le mode de vie débridé et hédoniste des tanukis, nous maintenant donc dans une sorte de vision limité de son univers. J’aurais apprécié un peu plus de profondeur, et peut-être un peu plus de cohérence plutôt que le déballage (souvent amusant, il est vrai) des péripéties des tanukis.
Il reste néanmoins que Pompoko véhicule un message fort, servie par une belle et juste morale, qui saura vous toucher quoi qu’il en soit…enfin j’espère
...