« Révélations » attire d’emblée par un dessin superbe au style affirmé et une mise en couleur impeccable. Alors que le sujet semblait plus appeler à un dessin réaliste, le parti pris des auteurs était des plus audacieux.
Mais le fait est que l’ensemble fonctionne parfaitement… Le dessin d’Humberto Ramos est magnifique, doté d’une personnalité forte. Ses cadrages audacieux dynamise l’album, conférant au scénario une tension soutenue du début à la fin. Il excelle dans le travail autour des expression des personnages principaux et secondaire, parvenant avec brio. Son travail sur les regards est particulièrement remarquable. Là encore, il innove en conférant au personnage principal et à son comparse des yeux noirs que seul un éclat de blanc vient rehausser. En jouant sur la forme et la taille de l’éclat, il parvient à camper une émotion ou une attitude avec une force évocatrice peu commune… La mise en couleur de Leonardo Olea est à la hauteur du brillant dessin Humberto Ramos. Elle souligne avec brio les atmosphères des différentes scènes de l’intrigue…Bien sûr, on peut relever ça et là quelques imperfection, notamment au niveau de l’âge apparent du héros bougon qui fait bien plus jeune qu’il ne lest… Mais ne boudons pas notre plaisir, , graphiquement, cet album est une réussite incontestable qui donne envie d’explorer plus avant l’œuvre de ce talentueux illustrateur…
Passé l’émerveillement graphique, venons en maintenant au cœur du sujet : l’intrigue… Le scénario nous entraîne dans les coulisses du Vatican. Charlie Northen, personnage principal de l’album est détective de Scotland Yard. Provisoirement détaché au Vatican pour enquêter sur la mort mystérieuse d’un haut dignitaire de l’Eglise, successeur supposé au trône de Saint-Pierre, il va mener son enquête en tentant de lever le voile sur cet étrange et mystérieux événement... Cynique et désabusé, dans la grande tradition du roman noir, amateur de cigarettes, de jolies femmes et de bouquins sur les théories fumeuses du complot, Charlie Northen va commencer son enquête tambour battant. Le recours à la voie off va permettre de mieux cerner ce personnage complexe à l’humour cinglant…
Dès les premières pages, on est tenté de rapprocher le scénario de tous les autres qui ont fleuri ces derniers temps, dans la mouvance d’Hudson Hawk (pouf, pouf), du Triangle Secret, du Linceul, du Messager, de Cross Fire, du Scorpion, du Troisième Testament et j’en passe, en oubliant sans nul doute beaucoup, à commencer par le best-seller Da Vinci Code… Ce serait pourtant infiniment réducteur…
Car un partir d’une base qui pourrait paraître galvaudée (un sombre secret jalousement gardé par l’église, un cardinale corrompu…) Paul Jenkins a jeté avec ce premier tome les bases d’un scénario qui s’annonce passionnant. L’intrigue est bien construite, très rythmée et habitée par des personnages denses et complexes. La fin, des plus frustrante, à la cliffhanger, laisse augurer une suite passionnante.
Comics paru en six volumes aux Etats-Unis, gageons que le second tome de l’édition française comptera parmi les plus attendus… Ce premier tome est l’une des excellente surprise de ce début d’année… A lire, absolument…