Le 11 septembre a sans nul doute marqué profondément les Etats-Unis, et le cinéma américain s’en est fait l’écho. Le nombre d’œuvres à la saveur engagée, politiquement ou tout simplement humainement, s’est multiplié ces derniers temps, renforcant un 7ème art plus engagé et qui sait désormais être une vitrine de la réalité en plus d’un médium de divertissement.

« Syriana » se situe dans cette mouvance, en proposant par l’entremise de destins croisés une fiction à peine fictive de ce que sont les rapports des Etats-Unis avec le Moyen-Orient. Au passage nous est enfin proposé une ébauche de ce que sont les monarchies moyen-orientales, avec querelles de succession, « pétage dans la soie » et exploitation des travailleurs immigrés. Car l’ambition du film est rien moins que de proposer une petite autopsie du cercle vicieux que l’existence de champs de pétrole sous le sable implique. Ainsi, on suit autant l’expert en ressources énergétiques qui devient le conseiller d’un prince que l’agent de la CIA lâché par son gouvernement ou que l’ouvrier pakistanais exploité, viré, qui deviendra intégriste.

La réalisation est efficace, dynamique, sans pour autant sombrer dans la logique du film d’espionnage où les espions semblent tout faire pour être les individus les plus visibles des alentours. On ne s’ennuie pas, tellement on est occupé à comprendre qui est qui et pourquoi… L’interprétation est au-dessus de tout soupçon, et le regard de prédateur prédaté de George Clooney finit de le consacrer comme l’un des acteurs les plus doués du moment, qui nous fait en plus le plaisir de s’impliquer plus qu’aucun autre dans le cinéma engagé depuis quelques mois (« Good night, and good luck. »). C’est aussi ça, un artiste.

Informatif, édifiant, maîtrisé ; « Syriana » est documentaire de fiction que votre conscience vous invite à aller voir