Fiche descriptive Horreur-épouvante Christophe Gans Radha Mitchell, Sean Bean, Laurie Holden 26 Avril 2006 2h07min. Chroniques |
Attention, cela contient des spolieurs. Note préliminaire : j'ai fini Silent Hill 1, je suis à mi chemin du 2, j'ai lu le Comics SH, et j'ai le 3 posé sur mon bureau (et il faut encore que j'achète le 4). Donc je connais le jeu et je l'adore, ce qui influence probablement mon jugement. Une claque visuelle. Christophe Gans est un montreur d'images, et cela se voit encore une fois, car visuellement Silent Hill est un sans fautes. C'est hallucinant à quel point les effets visuels sont réussis, l' "Enfer" de Silent Hill et la transition avec la "réalité" de la ville étant visuellement impressionnants. Quand on voit la "réalité" de Silent Hill (j'abrègerai en RSH), on se demande bien comment Gans va pouvoir faire plus glauque, sombre. Et l' "Enfer" de Silent Hill (ESH) se révèle à nous dans toute sa splendeur de chaînes, grillages, rouille, sang et boyaux. De plus, les transitions entre ESH et RSH sont amenés sonorement par la fameuse sirène d'alerte, et donc ce bruit finit par faire stresser par lui même. Gans a su donner une réalité visuelle à l'univers de Silent Hill qui dépasse mes rêves les plus fous. Les monstres eux même, si je mets un bémol sur les créatures du début (issues du 1), le reste est incroyable. Les créatures du début sont assez mal faites et plutôt décevantes, et j'étais inquiet pour la suite du film. Mais, au contraire, les créatures du reste du film (les infirmières du 2, les créatures sans bras du 2, les cafards du 1 et l'hallucinant Pyramid Head) sont ... j'ai pas de mot pour décrire une telle réussite. La musique, comme annoncée est en grande partie le fait du compositeur de celles du jeu. C'était une contrainte posée par Konami. Je dirais plutôt que c'est une faveur, car dans les jeux, les musiques font la moitié de l'ambiance. Quel bonheur d'entendre des variantes de ces musiques pose rune ambiance si délicieusement dévoyée ! A part quelques thèmes guillerets assez quelconques (autant que dans le jeu), le reste, ben ... Cela va s'ajouter aux musiques des jeux que j'utilise pour sonoriser mes parties de jdr "horreur". La BO, ils me l'ont vendue, c'est clair. Une séquence à la fin est aussi très impressionnante de qualité visuelle. Il s'agit d'une longue séquence explicative, mais présentée comme une série d'images d'archives, avec une voix off, et après un long écran blanc. L'écran blanc est en fait une grande luminosité, qui fait autant mal aux yeux du spectateur qu'à ceux de l'héroïne. C'est bien vu. Bon, voilà pour les qualités, passons aussi aux défauts. Clairement, visuellement, c'est une tuerie, mais c'est bien tout. Déjà, dans le décevant Pacte des Loups, Gans aurait dû abattre son dialoguiste. Mais là, je crois qu'il faudrait le faire souffrir d'abord. Incroyable à quel point les dialogues sont plats, quelconques, clichés. Pas autant que ceux du récent "Renaissance", mais c'est du même acabit. A des moments, on croit être dans un "film d'Epinal". Des clichés mis bout à bout. Le scénario. Si au départ c'est assez enlevé, sympathique, intriguant, la mayonnaise commence à retomber vers la moitié du film. Gans a très bien saisi l'ambiance des jeux, mais son scénariste savait pas vraiment quoi faire avec. Disons plutôt qu'il ne sait plus où aller, arrivé à un certain point. De plus, obligé d'ajouter un personnage masculin à l'histoire (ordre de la prod, je suppose, pas de Konami - je sais que Gans n'a pas eu son mot à dire à ce sujet), il a du mal à le lier à la sauce, et on a l'impression d'un énorme cheveux sur la soupe. Ces problèmes amènent à deux défauts : Les interventions du personnage masculin (mari de l'héroïne), flinguent les effets créés sur le jeu des deux réalités de SH en en rajoutant une troisième, qui est la réalité consensuelle standard. En gros, vous avez un personnage dans la réalité, et les autres qui oscillent entre ESH et RSH. Une atmosphère se crée par ce dernier, que l'irruption de la réalité standard supprime aussitôt. C'est dommage. La séquence "tu es arrivé jusqu'au bout, alors je vais tout t'expliquer" (texto dans le film). Arrivé à un certain point, à la fin du jeu d'épreuves de l'ESH, l'héroïne, et le spectateur, à droit à une séquence (superbe) explicative sur l'histoire. Elle fait 10 à 15 minutes. En fait, Gans tient à TOUT expliquer. et c'est dommage. Comme dans les histoires de Lovecraft, l'horreur des jeux tient sur les doutes. Tout n'est pas expliqué, et le joueur/lecteur doit imaginer ce qui est laissé, justement, à l'imagination. Or, ici, on a droit à un lot d'explications, forcément moins horribles que ce que l'esprit du spectateur avait commencé à échafauder en fonction de ses propres sensibilités. Dommage. Au niveau des acteurs, ben c'est pas mal du tout, bien mieux que ce que Gans nous avait auparavant servi. A l'exception de l'actrice qui incarne la fliquette, qui ressemble à une caricature de cammioneuse lesbienne (notons que je n'ai rien contre ces deux communautés, mais bien contre les caricatures faciles), les autres acteurs jouent de manière correcte. Mention spéciale pour la petite fille, qui elle joue vraiment, vraiment très bien. Si j'ai passé un très chouette moment, ces défauts descendent la note du film. Gans est définitivement un montreur d'images. Le jour où il se trouve (enfin) un scénariste et un dialoguiste, on y gagnera et il sortira peut être enfin un film méritant une récompense. Mais bon, Silent Hill commence déjà à relever le niveau de sa filmographie. Pour finir sur une note de bizarrerie : dans le film en VO et dans les jeux, la petite fille de l'héroïne s'appelle Sheryl. Dans la VF et les sous titres, elle s'appelle Sharon. Pourquoi ? Mystère.
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