Blueberry, l'expérience interdite se veut être la libre adaptation du superbe dyptique constitué par la Mine de l'Allemand perdue et le Spectre aux balles d'or, au scénario épique et solidement charpenté...

Autant le dire tout de suite, ce film pourrait tout aussi bien être l'adaptation de Ma Dalton, de la flûte à six schtroumpf, de Tintin aux pays des Soviets (ou de Tintin et les Picaro), du troisième tome du Combat Ordinaire, du premier opus de Blacksad, du treizième de Thorgal, du Troisième Testament, du dernier tome non encore publié de XIII ou de n’importe quel tomes des aventures de Boule et Bill, sans oublier d’Astérix en Hispanie avec lequel le scénario comporte de grandes similitudes...
Car le rapport entre l'oeuvre originale et ce film halluciné est si ténu qu'on se demande bien pourquoi les auteurs ont cherché à adapter une œuvre existante. Pourquoi avoir voulu rattacher ce film à la série Blueberry en n'utilisant au final que très peu d'éléments tirés des albums?
Certes, le personnage principal s'appelle bien Mike Donovan Blueberry, Mac Clure est bien son acolyte et l'un des adversaire est bien Prosit… Et si on y parle très vaguement de la Messa Maudite et qu’on y aperçoit quelques indiens, le tout dans un contexte western, le rapport s'arrête là! De la trame originale et savoureuse, il ne reste rien...
Et si Hitckook avait coutume de dire qu'une histoire convaincante c'était avant tout un méchant convaincant, force est de reconnaître que celle ci ne l’est pas… En ravalant Prosit au rôle de nain de jardin alors qu'il était dans le Sceptre aux Balles d'Or un méchant cynique, sadique et machiavélique à souhait, et ce au profit d'un adversaire de carton pâte, le film était déjà mal engagé...

Le cinéaste nous plonge dans une histoire hallucinée pleines de visions tourmentées puisées dans le chamanisme ou dans l'usage abusifs d'hallucinogènes en tous genres. D'ailleurs, si on ampute le film de toutes ces hallucinations certes très bien rendues, que reste-il au final sinon une poignée de minutes à peine liées par une vague trame qui ne parvient pas à captiver un spectateur à jeun...

Ayant eu la chance de manger avec Giraud (à moins que ce ne fut Moebus) il y a quelques années, j'avais été emballé par l'idée de voir ce diptyque porté à l'écran et c’est avec jubilation que j’attendais la sortie de ce film... Et si la critique est acerbe et la note à l'avenant, c'est au regard de la déception induite par cette adaptation ratée de ces deux albums fabuleux sortis de l'imagination de Charlier et des pinceaux de Giraud.

« Pour une poignées de Psilocybe» ou « pour quelques Psilocybe de plus » auraient au final été des titres plus adaptés et plus en adéquation avec le propos de ce film qui ne pourra que décevoir les fans de la série.