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Apocalypto
Apocalypto



Fiche descriptive

Aventure

Mel Gibson

Rudy Youngblood, Raoul Trujillo, Dalia Hernandez

10 Janvier 2007

2h18min.

Chronique

Dans les temps turbulents précédant la chute de la légendaire civilisation Maya.
Jeune père porteur de grandes espérances, chef de son petit village, Patte de Jaguar vit une existence idyllique brusquement perturbée par une violente invasion. Capturé et emmené lors d'un périlleux voyage à travers la jungle pour être offert en sacrifice aux Dieux de la Cité Maya, il découvre un monde régi par la peur et l'oppression, dans lequel une fin déchirante l'attend inéluctablement.
Poussé par l'amour qu'il porte à sa femme, à sa famille et à son peuple, il devra affronter ses plus grandes peurs en une tentative désespérée pour retourner chez lui et tenter de sauver ce qui lui tient le plus à coeur.
un film plutot moyen...


Quand Mel s’emmêle…
Vous n’êtes pas sans savoir que la réputation de celui qui nous avait régalé dans « Mad Max » ou « L’Arme Fatale » n’est plus ce qu’elle était, la faute à quelques frasques alcoolisées, et à des positions plus qu’ambiguës sur certains sujets, notamment pour ce qui relève de la religion.
Cela ne concernerait pas la critique de son film, si ce n’était que la violence complaisante de ses œuvres a pris le pas sur leur contenu.

Malheureusement, après une « Passion du Christ » controversée car centrée (justement) sur le supplice du Christ (sacralisant donc plutôt la souffrance que le message entier du barbu le plus célèbre de notre histoire occidentale), Mel Gibson enfonce le clou (hum…) avec « Apocalypto ». Le titre même du film pourrait prêter à confusion et rappeler les écritures saintes d’un certain Jean. Mais heureusement, il se traduit par « renouveau », ce qui peut coller au film, dans une certaine mesure seulement.

La scène d’ouverture est mauvaise, et donne le ton. Invraisemblable (une flèche ou un javelot sont plus économiques et plus efficaces que la construction d’un piège) et volontairement sanguinolente (ce qui diffère légèrement de « sanglante »), elle commence par tenter de gêner le spectateur. Heureusement, elle se termine par un éclat de rire.

La suite est du même acabit, et la complaisance montrée par le réalisateur vis-à-vis de la violence finit de l’éloigner de l’excuse du réalisme (un choix artistique concevable et même parfois judicieux, comme dans l’excellent « Braveheart ») pour sombrer dans le gras et le glauque. Parfois, le sang se justifie, bien sûr, comme pour la pratique du sacrifice, mais on ne finit par voir que ça, et ce n’est pas assez. Gibson dépeint sa vision d’une civilisation méso-américaine en pleine décadence, en n’hésitant pas à nous gêner en montrant par exemple des femmes qui crachent sur des mendiants, ou un homme atteint de malformation. Comme si les malformations avaient forcément quelque chose à voir avec la décadence d’une société… Le pire dans cette histoire, c’est l’impression persistante que Gibson tente de justifier le massacre des peuples amérindiens (en tout cas, des mayas, puis des aztèques, qui en sont très proches) par les armées du Vieux Continent, nos ancêtres. Restons objectifs : les européens ont massacré les populations amérindiennes, grâce à la poudre à canon et à un cortège de maladies nouvelles. Ceci dit, on aperçoit également les sols fatigués, les cultures intensives, l’extraction destructrice des minerais, etc. Mais cette vision est trop fugace, comparée à l’omniprésence du sang.

Une chose, pourtant, relève le niveau de la prestation : le casting. On ne pourra pas prendre « Apocalypto » en défaut de ce côté-là, tant les personnages sont charismatiques et collent à leur rôle. Patte de Jaguar / Rudy Youngblood, bien sûr, avec ce sourire rayonnant. Mais aussi son père, figure paternelle charismatique, opposée à celle du maya esclavagiste Zero Loup / Raoul Trujilo. Le regard du « roi » maya est extraordinaire, sous cette parure. Les costumes sont d’ailleurs impressionnants, et à priori assez réalistes.
L’idée même de la « peur » comme l’un des personnages du film est intéressante, et s’inspire certainement d’une des théories ayant été proposées pour expliquer la soudaineté du déclin des mayas. Enfin, l’utilisation du yucatèque comme langue des dialogues se justifie à mon sens pleinement pour s’immerger dans cette jungle là.

La course poursuite est relativement ordinaire, et finalement assez courte. Elle est elle aussi ponctuée de quelques invraisemblances (un bébé jaguar dans les arbres ? Pas très sûr…), mais c’est surtout son manque d’originalité qui provoque un intérêt mitigé. Et puis le coup des noyés dans le puit, bof… Bien sûr, elle est enceinte, mais ce n’est pas impossible de nager en se tenant aux parois, non ?...

Bref, « Apocalypto » n’est pas un bon film, essentiellement à cause du prisme déformant teinté de rouge de son réalisateur, qui nous saoule de son hémoglobine. Au lieu d’un film à vocation culturelle et historique, la production accouche d’un film d’action exotique frisant parfois le « too much ». Par contre, on ne pourra qu’apprécier qu’enfin l’industrie cinématographique veuille bien s’intéresser à ces civilisations méso-américaines pourtant pourvus largement des ingrédients qui nous feraient rêver. De cette démarche originale, au moins, on ne se plaindra pas à Mel Gibson, comme du casting, véritablement excellent. Et ces deux points justifient que chacun plonge dans cette vision de fin du nouveau monde et s’en fasse une idée propre.
Reste que la seule apocalypse dépeinte ici est à mon sens celle de la fibre artistique d’un réalisateur.
Keenethic



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