Le premier tome du livre des destins (Le premier pas) avait d'emblée été un coup de coeur. La superbe collection dans laquelle il était paru, le dessin subtil de Franck Biancarelli, inspiré des vieux comics et donnant à la série une touche délicieusement désuète, le scénario étrange et captivant de Serge Le Tendre...
Tout était réuni pour que le Livre des Destins soit une grande série. Ne manquait que l'attente du tome suivant, marque des séries incontournables (Sasmira, la Quête de l'Oiseau du Temps...)

Et c'est chose faite puisqu'il a fallu attendre près de quatre années avant de découvrir la suite des aventures du rêveur Roman Guénodon... On peut regretter qu'elle ne soit pas sortie dans la même collection, avec ses couvertures mat et non pelliculée, dans ce format atypique qui faisait sortir ses albums du lot de la production soleil... Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ai l'ivresse!

Cet album porte fort bien son nom puisque notre jeune héros un peu fantasque va en sortir transformé, pour ne pas dire transfiguré. La structure narrative de l'album est des plus captivante. C'est sans temps mort que l'on suit les différents flashback qui émaillent l'album et nous permettent de comprendre les pérégrination de notre jeune héros, d'Agathe et de Holdaway tout en développant une intrigue surprenante, pleine d'attraits et de rebondissements.

Le trait de Franck Biancarelli baigne l'album d'une ambiance et d'un dynamisme empruntée au comics, renforçant l'émergence d'un super héros que le destin va entraîner à travers une Europe tourmentée par les intersignes de la guerre qui s'annonce.

Le livre des destins est une série envoûtante. Le scénario est habilement tissé, de nombreux éléments y sont disséminés, à commencer par ces deux mystérieuses blouses blanches, observateurs interlopes des aventures de Roman. Ce foisonnement de rebondissements, de personnages, de pistes et d'éléments fantastiques peuvent sembler quelque peu brouillon mais l'ensemble est captivant et la série suffisamment originale et atypique pour ne lâcher le lecteur qu'à la dernière page. Il règne sur la série une délicieuse ambiance de série B des années 50...