Puisant dans son expérience personnelle, Olivier Marchal a longtemps travaillé à la Brigade Criminelle et à la Section Antiterroriste. Autant dire que le métier de flic, il connaît. Après avoir été acteur, il est passé de l’autre côté de la caméra, courts métrage d’abord avec Un bon flic, puis long métrage (les Gangsters puis le très remarqué Quai des Orfèvres où Daniel Auteuil et Gérard Depardieu se partageaient la vedette).

Daniel Auteuil, impressionnant dans son rôle de flic ravagé par la vie et rongé par l’alcool, est ici encore au casting de ce film dont le nom est celui d’un célèbre modèle Manurhin fabriqué en 1973 et qui équipa plusieurs unité de la police. Dans ce troisième volet du triptyque amorcé avec les Gangsters, Olivier Marshal se propose de nous dresser le portrait d’un flic qu’un accident tragique a coupé de la vie. Détruit, il tente tant bien que mal de survivre, sans même chercher à donner un sens à son existence.

L’ambiance est glauque et désespérée. La lumière blafarde que vient hanter les fantômes du passé, baigne les décors crasseux d’une lumière irréelle. La photo est superbe et la mise en scène puissante et percutante, entraînant souvent le spectateur au bord de la nausée par des flash-back oppressants et bouleversant. La bande son est magistrale et accentue l’ambiance glauque distillée au fil d’une intrigue prenante et écrasante.

MR73 est un film violent et oppressant avec comme fil conducteur la rédemption et l’oubli. Un bon polar sans nuls doute, mais un polar vraiment très sombre et absolument désespéré.

Olivier Marchal, lui même ancien flic, nous amène dans cette oeuvre à suivre les errances d'un flic Schneider, devenu épave joué par un excellent Daniel Auteuil qui confirme qu'il sait s'adapter à des rôles délicats. L'histoire qui se passe à Marseille, même si elle est intéressante passe au second plan devant la descente aux enfers de Schneider. Le spectateur que je suis est happé par la vie de Schneider et n'en ressort pas indemne. On cherche des passages plus optimistes mais le réalisateur Olivier Marchal connaît son affaire et filme dans des endroits sombres, malsains et pratiquement toujours de nuit. Schneider enquête sur une série de meurtres sordides qui ensanglante Marseille et ses environs et qui le tire vers son passé douloureux. Baigné dans l'alcool et ses démons, Schneider enquête malgré lui et contre lui. Ce film est digne des meilleurs films noirs américains, mais attention ce n'est pas une évasion qu'il nous propose mais une exploration de la noirceur de l'âme humaine. Il pourrait être comparé en littérature au "serment des limbes" de Grangé par son côté désespéré.

(par Cyril)