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1914-1915-1916
Putain de Guerre



Fiche descriptive

Histoire

Putain de Guerre

Tome 1

Jean-Pierre Verney, Jacques Tardi

Jacques Tardi

Jacques Tardi

Casterman

Novembre 2008

Chronique
1914-1915-1916
édifiant

En cette année de commémoration du 90e anniversaire de la fin de la Grande Guerre, et alors que le dernier poilu vient de disparaître, Tardi renoue avec la mémoire de 14-18 à travers son nouveau projet : une évocation en bande dessinée du premier conflit mondial, et de la place qu’y ont occupée, au quotidien, les hommes qui s’y sont affrontés et entretués.

Un récit de fiction, mais où le souci de véracité et la rigueur de la reconstitution historique occupent une place primordiale. Ce nouveau projet, dans la forme, reprend le découpage en 3 strips par page déjà utilisé dans l’album. C’était la guerre des tranchées.

Le récit débute en couleurs, mais, au fil de sa progression chronologique, et à mesure que la guerre s’enkyste, s’étend et s’approfondit, adopte les tonalités de plus en plus monochromes de la boue et de la grisaille. Avant d’être proposé en librairie en album, fin octobre, ce nouveau grand récit de Tardi fait l’objet d’une publication sous la forme d’un journal grand format, à raison de trois numéros de vingt pages chacun. Chaque numéro du journal, centré par ordre chronologique sur l’une des années de la période 1914-1916, comporte d’une part quinze pages de bande dessinée et d’autre part cinq pages de textes et d’articles, consacrés à l’actualité non-militaire de la période. L’ensemble de ces textes, illustrés par Tardi, est signé de l’historien Jean-Pierre Verney, qui assure depuis des années, aux côtés du dessinateur, le travail de documentation.
un chef d'oeuvre!


édifiant
Putain de Guerre semble être l’aboutissement du travail de Tardi autour de la première guerre mondiale. Dans sa bibliographie, de nombreux albums s’attachent à parler de l’abusrdité de ce conflit qui naquit avec le siècle. Mais rarement son propos aura été si efficace et si percutant.

Sobre dans sa forme (chaque page est organisée en trois cases tout en longueur, évoquant peut être l’horizon étriqué de ceux qui combattirent dans les tranchée), ce récit exempt de dialogue est raconté comme le journal intime d’un soldat racontant non pas la Guerre, mais sa guerre, au quotidien. Peut-on vraiment parler de récit dans cet album ou l’Histoire tient lieu d’histoire ? Oui ca sa structure même, sa charpente, est porteuse de sens. Rien n’est laissé au hasard et la la césure entre les page en vis-à-vis fait bien souvent office de ligne de front et le lecture en miroir accentue, à l’échelle des hommes de troupe, l’absurdité de ce conflit qui embrasa le monde et dont les répercutions se font, aujourd’hui encore, sentir.
Français et allemands partirent la fleur au fusil avec l’intime conviction que la guerre serait courte et que la victoire était leur… leurre que tout cela… Et si le spectre blafard de la camarde étend son aura macabre de part et d’autre du front, on voit se dessiner dans son sillage celui de Dame Bêtise qui entraîna vers la mort plusieurs générations d’hommes et de femme, au cours d’une guerre aussi sanglante qu’absurde…

Le personnage qui sert de narrateur était de ceux qui partait au combat à reculons, de ces pauvres hères jetés sur les champs de bataille au nom de concept aussi creux que nation, honneur et patrie. Le lecteur, entraîné dans la spirale infernale, assiste à cette grande et macabre farce. Bien vite il comprend que l’histoire de ce soldat sans grade, qui vit les turpitudes de la guerre et en subit de plein fouet la sinistre réalité au quotidien sans en comprendre les tenants et aboutissants, se lit tragiquement en miroir. Qu’importe l’uniforme, qu’il soit prussiens ou français, le sang qui coule et se répand sur la terre ravagées par une pluie d’obus a bel et bien la même couleur et la même odeur âcre de la mort…

Ce premier opus couvre les années 1914, 1915 et 1916 avec une efficacité redoutable. L’usage sobre mais efficace de la couleur accentue l’ambiance apocalyptique de l’époque. Celle ci, très présente au départ, s’estompe peu à peu pour laisser place aux teintes grisées qui rongent tout, comme la mort et le désespoir.

Une grande œuvre assurément, qui parle de la guerre comme peu de livre d’histoire peuvent le faire, le tout complété par un dossier richement documenté qui clos l’album… Un ouvrage incontournable et édifiant sur cette boucherie sans nom, sur cette putain de guerre… Pour ne jamais oublier…
Le Korrigan




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