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La reine dans le palais des courants d'air
Millénium



Fiche descriptive

Policier

Millénium

Stieg Larsson

Actes Sud

Septembre 2007

Chroniques
Les hommes qui n'aimaient pas les femmes
mise en bouche

Les Hommes qui n'aimaient pas les Femmes
La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette
sur un rythme échevelé
La reine dans le palais des courants d'air
la théorie du complot

Lisbeth n'est pas morte. Ce n'est cependant pas une raison pour crier victoire : Lisbeth, très mal en point, va rester coincée des semaines à l'hôpital, dans l'incapacité physique de bouger et d'agir. Coincée, elle l'est d'autant plus que pèsent sur elle diverses accusations qui la font placer en isolement par la police. Un ennui de taille : son père, qui la hait et qu'elle a frappé à coups de hache, se trouve dans le même hôpital, un peu en meilleur état qu'elle...

Il n'existe, par ailleurs, aucune raison pour que cessent les activités souterraines de quelques renégats de la Säpo, la police de sûreté. Pour rester cachés, ces gens de l'ombre auront sans doute intérêt à éliminer ceux qui les gênent ou qui savent.

Côté forces du bien. on peut compter sur Mikael blomkvist, qui, d'une part, aime beaucoup Lisbeth mais ne peut pas la rencontrer, et, d'autre part, commence à concocter un beau scoop sur des secrets d'Etat qui pourraient, par la même occasion, blanchir à jamais Lisbeth.

Mikael peut certainement compter sur l'aide d'Armanskij, reste à savoir s'il peut encore faire confiance à Erika Berger, passée maintenant rédactrice en chef d'une publication concurrente.
un excellent bouquin!


la théorie du complot
La trilogie Millenium s’achève avec ce troisième et dernier opus. Stieg Larsson, auteur de la série à succès, avait prévu plusieurs volumes mais sa mort prématuré prive les fans de Lisbeth et Mikael Blomkvist d’une suite… Encore que le mythe d’un quatrième tome inachevé se développe et le fantasme de son édition fait couler beaucoup d’encre.

Le troisième opus de la série, La reine dans le palais des courants d'air, ne déroge pas à la règle des titres à rallonge suscitant l’intérêt du lecteur potentiel en titillant sa curiosité. Le tome 2 avait laissé Lisbeth Salander dans une bien fâcheuse posture. Blessée d’une balle dans la tête et d’une dans l’épaule lors de sa tragique confrontation avec son paternel et son frère, elle était retrouvée agonisante par Mikael Blomkvist… Fin à la cliffhanger qui ne pouvait que donner envie au lecteur de se plonger dans le troisième et dernier opus.
Le rythme de ce denier est plus lancinant que celui, trépidant, du second. On y avance à pas feutré et c’est avec un réel délice qu’on suit le jeu du chat et de la souris auquel se livrent, entre autres, Mikael Blomkvist et une cellule occulte de la Säpo, services secrets suédois. Chacun des partis travaille activement dans l’ombre afin de préparer le procès de Salander qui, comme on s’en doutait, va survivre à ses blessures. Les manœuvres de chaque groupe sont décrits avec efficacité et c’est avec un plaisir jubilatoire que le lecteur la progression de ce récit d’espionnage ou chacun avance masqué derrière un épais nuage de brouillard pour mieux surprendre l’adversaire. Et si l’on se doute que Mikael Blomkvist sera à ce petit jeu le plus doué, le récit s’avère très prenant et fort bien construit.
Comme dans le premier tome, le récit s’emballe soudain et s’accélère au fur et à mesure que la date du procès se rapproche, pour s’emballer lorsque ce dernier commence.
L’organisation très classique du roman, suivant les actions de plusieurs protagonistes, les abandonnant aux moments cruciaux pour décrire celles d’un autre acteur du roman entretien savamment le suspens et la délicieuse frustration qui en résulte font qu’il est bien difficile de lâcher le livre avant la conclusion du procès.
La toute fin du roman, si elle a le mérite de conclure ce cycle et les relations de famille houleuses de Lisbeth, ne paraît pas indispensable et tranche peut-être trop avec le fil du récit, atténuant le climax savamment mis en place dans les pages précédentes.

Cependant, force est de reconnaître que globalement, Millenium est un très bon polar qui ne se contente pas d’utiliser la Suède comme toile de fond. L’histoire du pays et ses zones d’ombre, du nazisme menaçant périodiquement la démocratie (des néonazis du premier tome en passant par l’assassinat du Premier ministre Olof Palme) aux dérives possibles d’une police secrète en l’absence de contrôle. La Suède est ici un personnage à part entière, l’un des protagonistes majeurs, rendant l’intrigue non transposable et ce roman policier dépaysant, loin des clichés rabattus des polars américains. Un personnage complexe et dense venant renforcer une galerie riche et foisonnante, complexe et originale, sortant pour le moins des sentiers battus…

Le style de l’auteur reste lui plutôt clinique, froid mais incisif, précis et très descriptif… très journalistique en somme. Il confère au récit un ancrage réaliste assez séduisant. Par cela, il présente de nombreuses similitudes avec les romans de Jean-Claude Izzo, lui aussi journaliste, qui avec sa trilogie formée par Chourmo/Solea et Total Khéops, décrit avec efficacité les groupuscules d’extrême droite gangrénant la ville de Marseille tout un déroulant un récit impeccable dont le principal protagoniste n’est autre que la cité phocéenne (trilogie dont je recommande plus que chaudement la lecture !).

Ainsi s’achève un polar de près de 2000 pages au succès bien mérité qui vaut immanquablement le détour, même si le tapage médiatique autour de ce récit, sans doute renforcé par gloire posthume d’un auteur foudroyé, est peut être un peu too much… Mais ne boudons pas notre plaisir ! Millenium est incontestablement une trilogie à découvrir et à faire découvrir…
Le Korrigan




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