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Première complainte
Notre Mère la Guerre



Fiche descriptive

Histoire

Notre Mère la Guerre

Tome 1

Kris

Maël

Maël

Futuropolis

Aoüt 2009

Chroniques

Janvier 1915, en Champagne pouilleuse. Cela fait six mois que l’Europe est à feu et à sang. Six mois que la guerre charrie ses milliers de morts quotidiens.

Mais sur ce lieu hors de raison qu’on appelle le front, ce sont les corps de trois femmes qui font l’objet de l’attention de l’état-major. Trois femmes froidement assassinées. Et sur elles, à chaque fois, une lettre mise en évidence. Une lettre d’adieu. Une lettre écrite par leur meurtrier. Une lettre cachetée à la boue de tranchée, sépulture impensable pour celles qui sont le symbole de la sécurité et du réconfort, celles qui sont l’ultime rempart de l’humanité. Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie, militant catholique, humaniste et progressiste, mène l’enquête.

Une étrange enquête. Impensable, même. Car enfin des femmes… c’est impossible. Inimaginable. Tout s’écroulerait. Ou alors, c‘est la guerre elle-même qu’on assassine…
un chef d'oeuvre!


tragiquement réaliste
Nous sommes en janvier 1915. L’Europe s’enlise dans une guerre sans précédents. Les cadavres de soldats s’amoncèlent dans tous les camps et bien incertaine est l’issue de ce combat. C’est au milieu de cet immense charnier, dans ce bourbier infâme qu’est devenu la Champagne que, comme pour surclasser l’horreur quotidienne, les cadavres de trois femmes, égorgées, sont retrouvés. Chacune d’elle avait sur elle une lettre signée de leur assassin…

Graphiquement, cet album est comme cette guerre : une tuerie. Blague à part, Maël se fait peu à peu un nom dans le petit monde de la BD. Avec l’Encre du passé (scénarisé par multi-talentueux Antoine Bauza), il avait déjà frappé très fort… son travail dans ce premier tome est tout simplement superbe. Rarement la grande guerre, plus grande boucherie de tout les temps, n’aura été mise en image de façon aussi suggestive et évocatrice. Ses planches fourmillent de détails et suintent la boue et le sang. Son trait et ses aquarelles servent admirablement ce récit, lui donnant cette coloration tragiquement authentique… Mais c’est surtout le traitement des protagonistes qui est redoutablement efficace, son style leur conférant à la fois force et fragilité, bref, il leur insuffle cette part d’humanité propre aux grandes histoires à la pointe de ses pinceaux diablement agiles…

Côté récit, Kris signe là un scénario brillant et captivant qui nous entraîne avec lenteur vers un poste avancé. C’est remarquablement bien construit et l’on chemine aux côté du lieutenant de gendarmerie Roland Vialatte, alors qu’il s’approche peu à peu de l’horreur sans nom des tranchées, où le froid, la pluie et la boue finissent d’achever le moral déjà vacillant des ces hommes jetés sur un champ de bataille improbable.
C’est avec subtilité et une rare sensibilité que le décor est posé, patiemment, tant est si bien que l’on ressent l’attente interminable et angoissante du prochain assaut, ce morne quotidien du soldat, avec sa propre mort en ligne de mire. La guerre semble au départ n’être qu’un prétexte, un cadre où se déroulera une enquête policière où sera traqué un tueur en série qui ajoute à l’horreur quotidienne en trucidant des femmes. Mais il n’en n’est rien, la guerre est partie prenante de l’intrigue, presque un personnage à part entière… C’est ce protagoniste qui est présenté dans ce premier tome, dépeint dans toute son absurdité, son injustice et son horreur sans nom…
L’accent est mis sur le contraste existant entre l’homme du peuple qui se bat et meurt dans les tranchées et les officiers, drapés dans leur aristocratie et dont les décisions décident du sort des soldats. Les tensions existantes entre ces deux groupes sont finement décrites et la poésie qui revient de façon récurrente dans le récit apparaît comme un trait d’union entre tous ces êtres faits de chaire et de sang… Comme une part d’humanité qui survie au milieu de l’horreur…

Avec cette Première Complainte, les deux auteurs posent les bases d’un triptyque qui s’annonce mémorable. L’un des meilleurs albums de l’année 2009… Seul reproche que l’on pourrait faire : l’immense frustration qui naît à la fin de ce premier tome et l’idée qu’il va falloir attendre deux ans pour en voir le terme est fort difficile… Gageons que les deux prochains tomes seront à la hauteur de nos espérances…
Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.