Alamo se propose de retracer la chute de Fort Alamo qui fait parti des mythes fondateurs des États-Unis d'Amérique. Une fois encore, Dobbs fait montre de son talent pour exploiter les évènements de la grande et la petite histoire, s'engouffrer dans les zones d'ombres pour tisser une trame des plus convaincante...

L'histoire se construit autour de Louis Moses Rose, ce fameux français qui aurait dit-on quitté Fort Alamo avant la fin des combats. Engagé par Sam Houston vétéran de la seconde guerre d'indépendance de 1812 reconverti en politicien sans scrupules, il se cantonne pour l'heure à un rôle d'observateur... Mais il y a fort à parier qu'il sera pour quelque chose dans la mort de Travis et la disparition de Davy Crockett au cours de l'assaut final du 6 mars 1836.

Le récit se construit comme un grand flash back au cours duquel l'homme de main tente de comprendre ce qui a motivé Houston à envoyer Travis et Crockett se faire tuer à Fort Alamo... La question est de savoir si Dobbs tissera son canevas dans dans un cadre historique ou si l'intrigue glissera vers le fantastique, comme pourrait le suggérer son appartenance à l'élégante collection 1800...

Le dessin réalisé à quatre mains (Darko Perovic et Pezzi) colle parfaitement à cette intrigue historique. Leur trait réaliste évoque à certains moments celui de Swolf ou de Jean-Yves Delitte et la mise en couleur de Simon Quemener rempli parfaitement son office. Comme de coutume, la couverture très cinématographique signée Gérald Parel est un petit bijou de composition et de réalisation... Quel talent que celui de cet illustrateur dont on guette avec impatience le prochain album!

Cette mis en bouche est des plus délicieuse. La façon dont les auteurs s'engouffrent dans les failles historiques, donnent à chacun des protagonistes un visage inusité, s'éloigne du manichéisme du film éponyme réalisé John Wayne et de la légende dorée qui nimbe ce mythe fondateur... Une nouveau joyau à ajouter à cette décidément incontournable collection 1800...