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L'homme qui n'existait pas
L'homme qui n'existait pas



Fiche descriptive

Roman Graphique

Cyril Bonin

Cyril Bonin

Cyril Bonin

Futuropolis

18 mars 2012

Chronique
L'homme qui n'existait pas
Ultra moderne solitude

Pour Léonid Miller, informaticien célibataire, la vie semble souvent n'être qu'un rêve. Les personnages de fiction des comédies américaines qu'il dévore quotidiennement à la cinémathèque, lui apparaissent comme une présence bien plus dense et profonde que celle de la plupart des gens qu'il côtoie. Que la sienne en tout cas. Comme s'il traversait la vie sans que personne ne s’aperçoive de son existence.

Mais il découvre bientôt qu’on ne peut se détourner impunément de la réalité.C’est ainsi qu’il se retrouve, comme par magie, dépossédé de sa matérialité physique. Condamné comme un fantôme, à demeurer l’éternel spectateur qu’il était déjà. Alors qu’il s’est réfugié à la cinémathèque, il tombe sous le charme d’une jeune comédienne, Françoise Angelli, venue y présenter La garçonnière de Billy Wilder. Une femme qui n’existe que par ses rôles et qui pourrait être frappée par le même mal que lui… Léonid décide de lui venir en aide.

Une fable contemporaine sur la solitude, la cinéphilie et l’univers du cinéma.
un chef d'oeuvre!


Ultra moderne solitude
L'homme qui n'existait pas est sans doute l'album le plus personnel de Cyril Bonin. Le personnage de Léonid Miller vit une existence quasi virtuelle. Il remercie la technologie de lui permettre de travailler à domicile pour n'avoir à rencontrer personne et vit par procuration, à travers les films qu'il dévore chaque jour à la cinémathèque. Il fuit le réel pour vivre dans l'illusion du septième art, dans ces mondes virtuels imprimés sur pellicules, préférant les personnages de fiction qu'il juge bien plus consistants que la plupart des gens... Le lecteur pourra y voir un parallèle entre la vie de Léonid et le travail solitaire d'un dessinateur de bande dessinée, attelé plusieurs heures par jour et durant de longs mois à sa table à dessinateur...

A l'instar de la Belle Image, le précédent album de Cyril Bonin adapté de l’œuvre éponyme de Marcel Aymé, l'auteur fait d'un seul coup basculer son récit réaliste vers le fantastique. Un élément extraordinaire vient bouleverser subitement la vie du personnage principal. Léonid qui rêvait d'une vie sans les autres, entourés des chimères du cinéma, va vivre ce rêve jusqu'à son paroxysme, et le voir se transformer en cauchemar. Devenant pour autrui invisible, impalpable et inaudible, perdant par la même tout ce qui le reliait à la réalité, il va au travers du récit comprendre que ce qui fait le sel de la vie, c'est la relation à l'autre, les rencontres, avec toute l'incertitude de s'ouvrir à l'inconnu et aux inconnu(e)s...

La couverture, annonciatrice de l'album, est superbement composée et réalisée. Elle suggère cette vie en parenthèse du métier d'actrice, où chacun de ses rôles s'arrêtent avec le clap de fin, alors que sa vie réelle est mise entre parenthèse à chaque nouvelle scène. Et, surtout, elle est une formidable invitation à ouvrir l'album pour découvrir l'étrange histoire qu'elle annonce...
On retrouve avec plaisir le style inimitable de Cyril Bonin, son dessin semi-réaliste plein de charmes et d'élégance et ses couleurs sépias au service de l'émotion qu'il distille avec tellement de finesse dans chacune de ses histoires.

A l'instar de The Artist, ce récit est aussi un hommage au cinéma et à ses chef d’œuvres intemporels. L'auteur nous entraîne dans les coulisses du neuvième art pour découvrir l'envers du décor de carton pâte où les meilleurs acteurs ne sont que des hommes et des femmes, avec leurs blessures et leurs doutes, dès que s'éteignent les projecteurs...

L'homme qui n'existait pas est un conte moderne, une fable sur ce mal moderne qu'est la solitude, parfois librement consentie. Le récit se déroule avec une rare fluidité, s'écoulant sans heurt, l'action s'effaçant devant les sentiments et les émotions ressenties par les deux protagonistes... Difficile de ne pas être touché par la simplicité de ce récit remarquablement conduit et mis en scène. Cyril Bonin s'impose comme un auteur complet, aussi talentueux pour écrire des histoire que pour les mettre en scène...
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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