Conquis...
Avec Jean Dufaud et Philippe Xavier au générique, Conquistador était dors et déjà promis à un beau succès. Il faut dire que le scénariste sait y faire pour concocter des intrigues envoûtantes se déroulant dans background historique solide tout en les teintant subtilement de fantastique comme il a su le faire avec brio dans Croisade, Double Masque, Murena ou les Voleurs d'Empires... Quand à Xavier, ses superbes planches de Croisades parlent d'elles même...

Nous sommes en 1520. Hernán Cortés et ses hommes sont considérés par Moctezuma, l'empereur Aztèque comme des Teules, des envoyés des Dieux devant arriver de l'est selon leurs croyances ancestrales. Cortés quitte Tenochtitlan avec sa troupes pour affronter une expédition menée contre lui par Pánfilo de Narváez car on le soupçonne de ne pas respecter son allégeance à la couronne espagnole. Avant de partir, il missionne un groupe hétéroclite constitué de soldats et de mercenaires pour mettre la main sur le formidable trésor de Moctezuma. Parmi eux se trouve le téméraire Hernando Royo, narrateur de l'histoire, seul survivant de ce groupe qui profana le trésor... Hommes ou démons aztèques, quelle est la nature de celui ou de ceux qui poursuivent les pillards pour punir leur profanation? Ce qui est sûr, c'est qu'on ne s’attaque pas impunément aux ancestrales et puissantes légendes aztèques…

La structure narrative de l'album est remarquablement efficace. L'introduction fait suite à la fuite éperdue du groupe de voleurs. Seul l'un d'entre eux semble avoir survécu et, l'album refermé, le lecteur ne sait toujours pas quels tragiques événements se sont déchaînés sur eux, bien qu'il perçoit l'inquiétante présence d'une sombre créature invoquée dans les dernières pages par un sinistre prêtre aztèque, tirant le récit vers le fantastique.
L'ambiance de l'histoire est formidablement retranscrite par Philippe Xavier. Son trait, précis et de haute tenue, fourmille de détails et la mise en couleur du talentueux Jean-Jacques Chagnaud, dont la patte est reconnaissable entre toutes, s'avère une fois de plus très efficace. Le découpage est somptueux, et les grandes cases offrant à voir de sublimes paysages ou architectures sont un réel plaisir pour les yeux... Les couvertures des deux albums sont un petit bijou, à la fois magnifiquement dessinée et superbement construites... N'hésitez pas à à faire un (grand) tour sur le blog du dessinateur pour suivre le making-of de cette remarquable série!

Ce premier tome est des plus captivants. On ne peut qu'être admiratif devant le talent de ce trio d'auteur. Remarquablement bien écrit, superbement mis en image et en couleur, ce premier tome laisse augurer d'un formidable diptyque historique baigné de fantastique. Rendez-vous en novembre 2012 pour sa conclusion qu'on devine épique et tragique...