Parmi les sorties qui firent sensations lors du salon d'Essen 2011, on trouve Trajan qui a séduit un large public grâce à des règles simples et une profondeur de jeu des plus appréciables. Telle est la marque de fabrique de Stefan Feld qui s'est imposé en peu de temps, et ce dès ses premiers jeux, comme un des auteurs majeurs du moment : des mécanismes simples et novateurs au service d'un jeu riche et prenant. Et Trajan ne dépareille pas dans sa ludographie, bien au contraire...
L'ouverture de la boîte et la profusion de matériel pourrait laisser augurer un jeu complexe aux règles tortueuses et alambiquées. Il n'en est rien. S'il faut douze pages pour les expliquer dans le détail, une fois digérées, elles se transmettent en une quinzaine de minute à un public attentif. La mécanique de base tourne autour d'un système évoquant l'awalée, jeu traditionnel africain : à son tour de jeu, le joueur choisit l'une des six coupelles de son plateau et égraine en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre. La case où il achève de « semer » désignant l'action qu'il pourra entreprendre alors que le nombre de pions égrainé fait avancer le marqueur temps. Elle pourra en outre permettre d'activer une tuile posée à côté de la coupelle.
Chacune des actions correspond à une zone du plateau qui sont au nombre de six : le port, le Sénat, le forum, le camp militaire, la zone de construction, l'arc de triomphe de Trajan. Chacun de ces lieux est régit par des règles particulières et permettra aux joueurs d'engranger des points de victoire ou de tenter d'obtenir des avantages très utiles pour la suite de la partie.
Le jeu se joue en quatre trimestres constitués chacun de quatre rounds. A la fin de chaque round (lorsque le marqueur temps a fait le tour du compteur), un jeton
besoin du peuple est révélé. Les joueurs devront s'efforcer de répondre à tous les désirs du peuple sous peine de perdre de nombreux points de victoire.
On le voit, les possibilités de scorer sont multiples et variées et les joueurs débutants auront du mal à savoir où donner de la tête. Trajan est clairement un jeu qui se bonifie avec le temps et pour lequel il faudra plus d'une partie pour l'apprécier à sa juste valeur... C'est sans doute l'un des jeux les plus complexes du créateur allemand, malgré des règles simples et fluides.
Le nœud du jeu se situe bien évidemment autour des coupelles et de la diabolique mécanique inspirée de l'awalée. Son double usage (réalisation d'une action et activation -l'achèvement- d'une tuile Trajan) le rende particulièrement savoureux. La clef de la victoire appartiendra au joueur qui aura le mieux optimiser son awalée...
Avec Trajan, Stefan Feld signe un excellent jeu à réserver à un public averti de par sa grande richesse. Un futur classique... et une perle de plus à ajouter à l'impressionnante ludographie de cet auteur inventif et talentueux...
On aime...
la clarté des règles
le matériel foisonnant,de qualité et très ergonomique
les mécanismes fluides et originaux
la profondeur de jeu
On n'aime pas...
le thème un peu plaqué