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Silence de nos amis (Le)
Silence de nos amis (Le)



Fiche descriptive

Chronique Sociale

Mark Long / Jim Demonakos

Nate Powell

Noir & blanc

Casterman

Ecritures

avril 2012

Chronique
Silence de nos amis (Le)
Chronique d'une haine ordinaire

Le Silence de nos amis a pour cadre la ville de Houston en 1967, dans l’état américain du Texas, à l’époque de la lutte pour les droits civiques. L’histoire met en scène deux familles, l’une blanche, l’autre noire, qui malgré l’intolérance qu’attisent ces temps troublés parviennent à se rapprocher autour de valeurs communes. Les deux pères de famille (Jack le reporter blanc et Larry l’enseignant noir) luttent l’un et l’autre pour dépasser les préjugés propres à leur communauté d’origine, tandis que se déchaine autour d’eux la violence raciste, tant dans la rue que dans les médias, à l’université ou sur les bancs du tribunal local, où se joue la tête de plusieurs militants étudiants engagés dans la lutte contre la ségrégation.

Mise en images par le talentueux Nate Powell, Le Silence de nos amis est co-écrit par Jim Demonakos et Mark Long à partir d’un matériau en grande partie authentique : Mark Long, dont le père a directement inspiré le personnage de Jack, a travaillé à partir de ses propres souvenirs de cette époque pour développer cette fiction semi-autobiographique.
un chef d'oeuvre!


Chronique d'une haine ordinaire
L’auteur, Mark Long, nous offre une autobiographie romancée issue de ces souvenirs d’enfance. A travers le regard de son père et de sa famille (blanche), l’auteur nous envoie dans les sixties américaines, à Houston, au moment de la guerre froide, de la guerre du Vietnam, de la conquête spatiale et de la lutte contre la ségrégation raciale. Son père, Jack, journaliste pour une télévision locale, est chargé de suivre les évènements raciaux. Il noue des relations avec Larry, un des leaders du mouvement contestataire pacifique de la ville.

La grande force de ce témoignage est de rester neutre, de décrire sans prendre partie. Le racisme qui gangrène cette Amérique éclate dans toute sa laideur tant il paraît inscrit dans l’ordre des choses. Il s’affiche bien sûr à travers la violence physique (injures, « accident » de vélo dont la fille de Larry, percutée par une voiture, est victime, violences policières) mais de manière encore plus forte, car insidieuse, dans l’organisation de la société où les deux races s’ignorent totalement. La scène où les enfants de Larry et Jack se rencontrent pour la première fois et se découvrent en se touchant les cheveux en particulièrement troublante derrière son caractère drôle et enfantin.

La justesse du propos se retrouve également dans les doutes qui traversent les personnages : Larry qui s’interroge sur la portée du mouvement, la radicalisation prônée par les Blacks Panthers, Jack qui subit des pressions de son responsable hiérarchique, qui ne vient pas au secours de Larry lorsque ce dernier est tabassé par la police.

Le récit est porté par le dessin noir et blanc de Nate Powell. Il ne cherche pas le réalisme mais l’authenticité en recréant l’atmosphère de cette époque. Il y parvient grâce au soin apporté à la reconstitution des décors et son travail sur l’expressivité des personnages.

Loin des grands discours, ce récit touche par sa proximité, parce qu’il rappelle que la lutte contre l’injustice n’est pas faite que de grands combats, qu’elle est possible si l’on s’ouvre à l’autre et si l’on brise le silence.

Pas sûr que le message soit encore bien passé de nos jours…
mome



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