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Les Liens du Sang
Jack l’Éventreur



Fiche descriptive

Policier Historique

Jack l’Éventreur

Tome 1

François Debois

Jean-Charles Poupard

Guillaume Lopez

Soleil Production

1800

16 mai 2012

Chroniques

Londres 1888.
Le Mal s’abat sur la capitale européenne, un monstre sanguinaire tue et dépèce des prostitués dans les bas-fonds de Whitechapel, on le surnomme Jack l’Éventreur. À Scotland Yard, l’inspecteur Frederick Abberline et son équipe mènent l’enquête. Entre lettres anonymes, dénonciations calomnieuses, milices qui font la loi et le peu d’indices qu’il recueille au fil de ses virées nocturnes, le commissaire s’égare…
D’autant qu’il est secoué par les démons de son passé trouble. George Godley, son assistant, s’interroge sur son supérieur. D’inquiétantes coïncidences l’amènent à penser qu’Abberline est lié à tous ces meurtres…

Tous les deux sont-ils prêts à découvrir l’insoutenable vérité ?
un excellent album!


Dans l'ombre de Jack...
Jack l'Eventreur aura fait couler plus d'encre que de sang. Ses crimes sordides, perpétrés au crépuscule du XIXième siècle, sont dans toutes les mémoires et ce personnage n'a pas finit de terrifier et d'inspirer écrivains et scénaristes. Il est généralement acquis qu'il commença ses crimes le 31 août 1888 pour les achever le 9 novembre de la même année (si on ne retient que les crimes qui lui sont imputés avec certitude), avant de disparaître, laissant à jamais (?) planer le doute sur son identité. De nombreuses hypothèses furent échafaudées, certaines peu convainquantes, d'autres séduisantes...

François Debois et Jean-Charles Poupard s'emparent du mythe de l'Eventreur pour nous en proposer une variation basé sur un séduisant changement d'angle. Si la première page et cette silhouette reconnaissable entre toute semble être un hommage à leurs illustres prédécesseurs, la double page suivante donne furieusement envie de se plonger sans attendre dans l'album... Pensez-donc, Frederick Abberline lui même, la figure centrale du magistral From Hell d'Alan Moore, avoue dans son journal intime être l'Eventreur...
Le scénario échafaudé par François Debois est précis et captivant. Servi par des dialogues convaincants, il inscrit son récit dans son époque, travaillant soigneusement son contexte historique. La mise en lumière de la tension existant entre les forces de police et les habitants de Whittechappel, persuadés que les enquêteurs auraient fait preuve de plus de célérité si les victimes n'avaient été des femmes du bas peuple de mauvaise vie accentue la tension de l'intrigue.
Le personnage d'Abberline s'y fait plus ambigu encore que d'entre d'autres œuvres, cinématographique ou littéraires, conférant au récit un intérêt indéniable. Car l'enquêteur qui subit les décisions politiques de Sir Charles Warren, son supérieur hiérarchique, suit une enquête plus personnelle, parallèle à celle directement liée à l'Eventreur, bien que des liens de plus en plus solides se tissent entre ces différentes affaires... Qui est donc cette mystérieuse femme qu'il souhaite retrouver avant ses collègues et dont certains témoins affirment qu'elle avait côtoyé trois des victimes de l'Eventreur peu avant leur mort?

Le dessin précis et réaliste de Jean-Charles Poupard fait preuve d'une grande maturité alors que le jeune dessinateur signe avec Les Liens du Sang son tout premier album! Ses cadrages accentuent la tension et apportent un dynamisme appréciable à l'ensemble. La mise en couleur de Solano Lopez sert efficacement le dessin, apportant une note tragiquement mélancolique aux planches. Le travail graphique dans son ensemble retranscrit de façon convaincantes les ruelles crasseuses de Londres où grouillent une foule interlope. A noter qu'une fois encore la couverture de l'album est de toute beauté et attire l’œil de façon saisissante...

Ce premier tome s'avère des plus convainquant. Cette délicieuse collection 1800 n'en finit plus de nous séduire au fil des publications... Une fois n'est pas coutume, le personnage central du récit n'est pas un personnage tiré de la littérature du XIXième siècle. Mais au fil des récits, films et romans, des essais et des albums, le sinistre personnage de Jack s'est considérablement étoffé et densifié. Ecrivains et scénaristes s'étant engouffrés dans les zones d'ombres de l'histoire en proposant leur propre vision du tueur sanglant, lui ont conféré un statut d'être de fiction, et ce d'autant plus que les enquêteurs n'ont pas su lui conférer un visage et un nom qui en aurait fait un être de chaire et de sang...

François Debois et Jean-Charles Poupard ont su s'emparer de la matière première de cette sinistre histoire pour construire une trame audacieuse dont le premier tome s'achève sur une révélation fracassante qui laisse augurer une conclusion des plus captivante..
A noter que L'Eventreur reviendra chez 1800 avec Van Helsing contre Jack L'Eventreur, signé par le prometteur duo Lamontagne / Radovic... Jack continue de faire couler beaucoup l'encre! Pour le plus grand plaisir des lecteurs!
Le Korrigan


un excellent album!


Mais qui est donc l'inspecteur Abberline
Sur la lande, une vieille maison abandonnée dans laquelle un homme vient s’abriter. Il allume un feu et découvre un squelette. Dans ses mains, un carnet, celui de Frederick Abberline, qui y affirme être Jack l’Éventreur. Vingt-cinq ans plus tôt, le 30 septembre 1888, un nouveau cadavre est découvert dans le quartier miséreux de Whitechapel. Jack l’Éventreur vient de sévir une fois de plus. L’inspecteur Abberline, chargé de l’enquête, piétine et subit la pression de la rue et de son supérieur, le commissaire Warren.

En choisissant de bâtir une histoire sur ce mythique tueur, François Debois ne choisit pas la facilité tant ce monstre a été utilisé, que cela soit au cinéma, dans la littérature et, bien entendu, dans la bande dessinée (dans From Hell d’Alan Moore par exemple). Toutefois, il semblerait bien que le scénariste soit parvenu à s’approprier le personnage pour offrir une narration originale en se centrant sur Frederick Abberline. Il y a tout d’abord cette confession étonnante qui fait de lui le meurtrier. Puis, l’enquête proprement dite, polluée par les manœuvres diplomatiques de Warren et les risques d’embrasement de la rue, Lusk, le meneur du comité de vigilance, n’hésitant pas à se servir du ressentiment des petites gens à l’égard des forces de l’ordre, de la peur, de la haine ou encore la xénophobie pour assouvir sa soif de pouvoir. De plus, des éléments de l’enquête touchent personnellement Abberline, au point qu'il dissimule certaines informations à son équipe.
Forte d’un contexte social et politique finement décrit, de personnages aux caractères bien définis et d’une précision dans la mise en scène, la narration s’avère très intéressante et emmène agréablement le lecteur vers une fin bénéficiant d’un cliffhanger des plus frustrants.

L’immersion dans l’aventure et la fluidité de lecture sont facilitées par une partition graphique et des couleurs justes et plaisantes. L’ambiance de ce Londres sale, sombre et poisseux est joliment restituée. La tension née de l’omniprésente menace de l’assassin est palpable. Les personnages sont expressifs et il convient de souligner l’excellent travail sur les visages et, en particulier, les regards. Le cadrage s’adapte avec pertinence au rythme des différentes scènes.

Un ouvrage tout à fait recommandable et qui ne dépareillera pas cette excellente collection 1800.
mome



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Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.