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Lekaterinbourg, été 1918
Svoboda! Carnet de guerre imaginaire d'un combattant de la Légion Tchèque



Fiche descriptive

Histoire

Svoboda! Carnet de guerre imaginaire d'un combattant de la Légion Tchèque

Tome 2

Kris

Jean-Denis Pendanx

Isabelle Merlet

Futuropolis

21 juin 2012

Chronique
Lekaterinbourg, été 1918
« Svoboda ili smert ! »

Russie, 1918. 70 000 soldats austro-hongrois, mais de nationalité tchèque et slovaque, profitent de la Révolution russe pour s’enfuir des camps de prisonniers tsaristes. Leur but : rejoindre les troupes alliées sur le front, afin d’obtenir à terme, la création d’une république tchécoslovaque. Un seul moyen : s’emparer du Transsibérien pour rejoindre Vladivostok, d’où ils comptent embarquer pour l’Europe, via les États-Unis. Prévu pour durer deux mois, ce périple ferroviaire s’étalera sur trois années et des milliers de kilomètres.

Tcheliabinsk, mai 1918, c’est là que tout a vraiment commencé. Parti de Samara, le régiment de Jaroslav, l’écrivain, rejoint enfin les éléments avancés de la 1re division tchèque, qui est coincée en gare depuis trois semaines. Parmi eux, se trouve son ami Pepa, le dessinateur. C’est pour défendre ce dernier, qu’il tue un Hongrois. Un geste qui aura deux mois plus tard de terribles conséquences… Tandis que Pepa se remet de ses blessures, Jaroslav et les autres prisonniers tchèques sont libérés par le général Tchetchek, commandant de la 1ère Division tchéco-slovaque. Dès lors la tension monte entre les légionnaires et l’Armée rouge de Trotsky…
un chef d'oeuvre!


« Svoboda ili smert ! »
Neuf tomes. En cette période de crise ou le one-shot est un argument commercial, se lancer dans une aventure en neuf volumes est pour le moins audacieux. Pourtant, la lecture du premier tome ne peut que nous donner envie de monter à bord du transibérien et de faire route vers Vladivostok, en compagnie de Pepa et Jaroslav qui participe à cette grande aventure collective que fut la naissance de Première République de Tchécoslovaquie. En découvrant cette histoire concoctée par le talentueux et captivant Kris, on ne peut que se demander pourquoi cette formidable fresque se déroulant en marge de la Révolution Russe s'est perdue dans les brumes de l'Histoire. La façon dont le scénariste entame, après une brève introduction présentant les principaux personnages, est un artifice narratif des plus efficace. Alors qu'en septembre 1938 les accords de Munich sonnent le glas de la Tchécoslovaquie, Pepa, professeur d'Art, décide de prendre la plume pour narrer les événements portés par le rêve de tout un peuple auxquels il a participé vingt année plus tôt...

Avec Lekaterinbourg, été 1918, nous retrouvons Pepa et Jaroslav (mix du journaliste romancier d'origine tchèque et son son personnage du « brave Soldat Chvéïk », tiré de son œuvre satyrique éponyme) dans les coulisses de la grande histoire. Ils tentent de de gagner Vladivostok d'où ils espèrent s'embarquer pour l'Europe pour combattre en France les prussiens et poser les bases d'une république de tchécoslovaquie sur les ruines de l'Empire Austro-Hongrois. Leur formidable utopie va les mener à être, malgré eux, le catalyseur de la fin tragique des Romanov, à l'origine même de la justification échafaudées par les révolutionnaires russes pour justifier leur sanglante exécution. Car c'est bien à Iekaterinbourg (plus connue sous l'appellation Ekaterinbourg) que s'est achevé la vie du Tsar déchu Nicolas II, de sa famille et de ses seriteurs.
Une fois encore, Kris parvient à tisser en marge de l'Histoire un récit humaniste à la fois haletant, passionnant et captivant. Ses personnages sont hauts en couleurs et les dialogues finement travaillés. Les envolées lyriques et truffées d'humour de Jaroslav sont un pur délice et dédramatisent avec efficacité le tragique de la situation. On se prend d'affection pour ce soldat courageux porté par un idéal de liberté.

Le dessin de Jean-Denis Pendanx est impressionnant de maîtrise. Cet auteur protéiforme a le don de se renouveler à chaque série. Son trait nerveux et dynamique colle parfaitement à cette histoire à laquelle il apporte fraîcheur et romantisme. Les couleurs d'Isabelle Merlet avec qui Jean-Denis Pendax avait déjà travaillé sur Labyrinthe sont particulièrement soignées. Leur talent est tel que la seule couverture donne une furieuse envie de plonger dans la lecture de l'album.

Ce second opus confirme le talent de conteur de Kris qui n'a pas son pareil pour entraîner le lecteur dans l'Histoire en tissant des histoires humainement fortes portées par des personnages attachants. En lisant l'histoire de la légion tchèque perdue au cœur de la Révolution russe, on songe à Corto Maltese en Sibérie de l'immense Hugo Pratt, pour la précision de la toile de fond historique, la beauté des dessins, et la puissance de l'intrigue... On se prend à rêver à un dossier apportant moult précisions sur l'épopée de ces soldats-citoyens pour compléter chaque album tant le background historique semble riche et foisonnante.
Svoboda! Carnet de guerre imaginaire d'un combattant de la Légion s'annonce comme une série fleuve des plus passionnante. Rien n'a été laissé au hasard, de la maquette impeccable aux extraits du carnet de croquis de Pepa qui clôture chaque album... une série dors et déjà indispensable.
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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