Avril 1945, Berlin s’apprête à céder sous les assauts soviétiques. Les membres de l’Ordre de Thulé organisent l’après défaite imminente afin d’assurer leur survie et celle du Reich. L’Obersturmführer François Le Guermand, un SS français, est chargé de transférer des documents primordiaux pour les desseins de l’organisation. De nos jours, le commissaire Marcas, franc-maçon, assiste à la tenue d’une loge à Jérusalem, ayant pour sujet la pierre de Thebbah. Le professeur Marek, qui l’a découverte et qui travaille à son décryptage, est assassiné malgré la protection du policier français. Avant de mourir, il lui confie des bribes d’informations et l’alerte à propos d'une menace pesant sur tous les compagnons.
Eric Giacometti (écrivain et journaliste) et Jacques Ravenne (écrivain et franc-maçon) proposent, sous la forme d'un diptyque, l’adaptation de leur roman éponyme, Le rituel de l’ombre, premier tome d’une série de best-sellers ayant pour héros Antoine Marcas. S’appuyant sur l’aura mystérieuse, voire sulfureuse, de la franc-maçonnerie, les auteurs tissent la toile d’un thriller ésotérique réunissant tous les poncifs du genre : sociétés secrètes, rites ancestraux, objets à décrypter recelant de lourds secrets, complot d’une organisation nazie, qui plus est, farouchement opposée aux frères trois-points. Si l’intrigue, qui s’appuie sur des éléments historiques tels que le pillage des documents des différentes loges maçonniques par les Allemands en 1940, s’avère divertissante, la lecture souffre d’enchaînements trop convenus et de la faible empathie pour les personnages. L’adaptation d’un roman est une opération délicate et, à privilégier l’action au détriment du contexte - à l’image de la relation entre Marcas et la très belle lieutenant Zewinski, agent de la DGSE et violemment anti-maçonne, souffrant d'une profondeur insuffisante - le récit ne parvient pas à trouver le souffle et la tension lui permettant de sortir du lot.
Ce sentiment est confirmé par le graphisme de Gabriele Parma. Son très semi-réaliste est épuré et même très sec. S’il ne peut lui être reproché de gros défauts, il manque tout de même de rondeur et de chaleur, peu aidé, il est vrai, par une colorisation terne.
Les auteurs maîtrisent suffisamment leur sujet pour faire regretter qu’ils n’aient pas choisi de prendre un peu plus leur temps (un triptyque par exemple) pour exploiter tout le potentiel de leurs connaissances et de leur imagination.