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La Chenue
La Chenue



Fiche descriptive

Roman Graphique

Didier Convard

Jean-Blaise Djian

Sébastien Corbet (storyboard de Stéphane Heurteau)

Stéphane Heurteau

Vents d'Ouest

Hors Collection

13 février 2013

Chronique

Quand la vengeance pousse comme la mauvaise herbe entre les pavés.

Qui pourrait se douter en la voyant que la Chenue n’a pas perdu la tête, mais que malgré son vieil âge, un désir puissant de vengeance l’anime ? Son arrière-petite-fille, Caroline, voudrait profiter des plaisirs de son âge dans les bras de Christophe... Comment pourraient-ils savoir que leur insouciance paraît indécente à leurs familles, quand le secret est la vertu la mieux partagée ?
un excellent album!


jamais ne meurt le passé...
La Chenue est un roman graphique construit à partir d’un roman jamais publié signé Didier Convard. Scénarisé par Jean-Blaise Djian, story-boardé et mis en couleurs par Stéphane Heurteau et mis en image par Sébastien Corbet. Et qu’on ne s’y trompe pas, son dessin tout en rondeur et faussement enfantin masque un drame familial sordide qui plonge ses racines plusieurs décennies dans le passé. Un sombre secret qu’on croyait ben enfoui va se répercuter en ce bel été, alors que Christophe connaît ses premiers émois auprès de la belle et peu farouche Caroline. La filiation avec le Roméo et Juliette de Shakespeare, transposé ici dans une ambiance champêtre se fait peu à peu jour, bien que les jeunes amants parvienne à conserver leur innocence au milieu de toute cette aigreur et cette amertume.

Depuis qu’elle a vu son homme tomber dans l’escalier du jardin de la fenêtre de sa chambre, la Chenue n’a plus toute sa tête. C’est du moins ce que tout le monde croit… Mais elle attend, recroquevillée dans son corps vieillissant, feignant la folie… Elle attend patiemment que s’accomplisse la vengeance qu’elle sait être en route… Alors, seulement, elle pourra mourir l’âme en paix…
Que de rancœurs, de non-dits, de honte et de culpabilité non-assumée qui sont autant de murs dressés entre les gens de ce visage qui aurait pu être paisible. Un ancien drame ressurgit et s’immisce dans l’amour naissant entre deux jeunes gens au sortir de l’enfance. La tension monte peu à peu alors que le mystère semble grandir, menaçant d’exploser et de répandre sa fange. Le récit, rythmé par les lettres d’un mystérieux corbeau, est remarquablement bien construit et mis en scène, faisant grandir cette menace sourde qui rôde dans l’ombre de ces vieillards pétris de haine qui se livrent une guerre pathétique à coups de lâcheté et de bêtise crasse. Les pièces du puzzle s’assemblent alors que les auteurs poursuivent leur récit choral à cheval entre deux époques, pour former peu à peu une histoire de famille qui explose au visage du lecteur… On songe à La maison assassinée de Pierre Magnan, pour son atmosphère étouffante et ce passé qui remonte, réveillant des haines anciennes…

Ce récit noir et intimiste happe le lecteur, l’entraînant à chaque page un peu plus vers l’abime. Les moments où Caroline et Christophe se retrouvent apparaissent comme de petits îlots de bonheur, de rares instants lumineux au milieu des ténèbres qui s’épaississent, alors même qu’ils entrouvent en toute innocence une porte vers un bien sordide passé… La Chenue est un récit poignant et bouleversant qui ravira les amateurs de romans graphiques par son graphisme faussement naïf et sa qualité d’écriture…
Le Korrigan




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Inspiration jeux de rôle

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Maléfices a pour cadre la France de la Belle Époque (1870-1914), où les superstitions campagnardes et la mode citadine du spiritisme côtoient la pensée scientifique.
Crimes se déroule à la même époque et inscrit dans la tradition des littératures classique, fantastique et horrifique du XIXe siècle.