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Au vent mauvais
Au vent mauvais



Fiche descriptive

Roman Graphique

Rascal

Thierry Murat

Thierry Murat

Futuropolis

7 mars 2013

Chronique

À sa sortie de prison, Abel Mérian retourne en banlieue pour récupérer un butin caché. Mais la vieille usine où était planqué son fric a été transformée en musée d’art moderne. Et le magot a certainement été coulé dans le béton.

Dépité, déambulant dans le musée sans but, Abel trouve pas hasard un téléphone portable rose, qui se met justement à sonner. C’est sa propriétaire, une jeune femme en partance pour l’Italie, qui lui demande de lui envoyer par la poste son appareil.

Abel, en fouillant les textos et les photos du téléphone, découvre une jeune fille en rupture amoureuse. N’ayant plus rien à faire, il vole une Volvo 780 Coupé et décide de se rendre en Italie pour rendre le téléphone en mains propres à cette troublante jeune fille.
un chef d'oeuvre!


Les sanglots longs des violons de l'automne
Au vent Mauvais est un road-movie magistral remarquablement bien écrit et superbement mis en scène.
Lorsque qu’Abel Mérian sort de prison, personne ne vient l’attendre. Dans le premier magasin, il se débarrasse de ces frusques, dépensant son maigre salaire d’écureuil en cage pour couper court avec ces dernières années passées à l’ombre. Lorsqu’il monte dans un train de banlieue, c’est pour aller chercher son magot qui dort dans les entrailles d’une vieille usine désaffectée. Hélas ! En lieu et place de l’usine a poussé un musée d’art moderne et contemporain, engloutissant ses rêves d’avenir sous des tonnes de béton… C’est alors que sous le banc où il encaisse le coup, un téléphone sonne. Il décroche. Sa propriétaire, une jeune femme en partance pour l’Italie, lui demande de lui réexpédier… En fouillant dans les entrailles du téléphone, sms et photos lui apprennent qu’elle vient de connaître une rupture amoureuse. Abel se propose de lui expédier le portable mais n’ayant rien d’autre à faire, il décide de voler une voiture et de partir lui-même vers l’Italie pour lui rapporter… Commence alors un road-movie saisissant qui le ramèneront un temps sur les traces de son enfance, accompagné par un vieux chien dormant sur la banquette arrière de la Volvo 780…

Peu de dialogues dans ce récit mais des récitatif qui permettent au narrateur de parler de lui, de ce qu’il a sur le cœur, de ses regrets et ses espoirs, de cette vie à reconstruire où rien ne ressemblera à ce qu’il avait espéré, à travers sa fenêtre flanquée de trois barreaux qui lui barraient l’horizon. La façon dont Abel Mérian s’accroche au téléphone comme à une ultime branche de salut confère au récit une force saisissante. Alors qu’il a perdu toutes ces illusions et que plus rien ne le raccroche à son passé, cette femme dont il ne sait rien mais dont il découvre la vie à travers des SMS et photos stockés dans sa mémoire virtuelle lui semble être un horizon, un avenir possible. Le récit prend alors la tournure d’une fuite en avant éperdue vers des lendemains qui déchantent, un récit baigné de nostalgie où sonne le glas des espoirs défunts.
L’ambiance patiemment distillée dans les pages de l’album est d’une rare densité. Le texte de Rascal est en parfaite osmose avec le dessin impressionniste de Thierry Murat qui donne autant à voir qu’à ressentir, baignant ce road-movie d’une ambiance mélancolique teintée de romantisme et de noirceur avec cette nécessaire pointe d’espoir, rappelant que c’est dans l’obscurité qu’il est beau de croire en la lumière, comme aimait à le dire Edmond Rostand.

Le vent mauvais emporte Abel, deçà, delà, telle la feuille morte du poème ou cette page de journal balayée par le vent et qui clos l’album de façon tragique et puissante. C’est un album fort et prenant signé par deux auteurs au style affirmé qui parviennent avec maestria à embarquer le lecteur à bord de cette Volvo 780, pour un voyage sombre voyage à l’issue tragique. Magistral…
Le Korrigan




Inspiration jeux de rôle

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