Le premier tome de Black Stone s'inscrivait dans la lignée fantastique du Prestige de Christopher Nolan ou l'Illusionniste de Neil Burger. On retrouve ce même subtil dosage entre illusionnisme et magie véritable et ce délicieux glissement qui s'opère peu à peu de l'une à l'autre, ancrant définitivement le récit dans le fantastique...

Jean-Jacques vivote dans des cabarets de secondes zones avec quelques tours de close-up en tentant de retrouver la trace de Nelson qui a mystérieusement disparu après la tragique soirée au cours de laquelle Oscar, le fils de Mary semble s'être évaporé.

Paris, hiver 1861. Après avoir arpenté les principaux cabarets d'Europe à la recherche de Nelson, Jean-Jacques désespère de retrouver un jour la trace de Nelson, seul à même de lever le voile sur les mystérieux événements relatés dans le premier opus de la série et qui ont vu un enfant, volontaire pour un tour, disparaître sous les yeux médusés de la foule et du magicien. Il quitte la ville des Lumières pour regagner Londres où Jenny, l'assistante de Nelson, est emprisonnée pour enlèvement. Après avoir vécu l'enfer, Mary est hantée chaque nuit par un rêve étrange et pénétrant au cours duquel elle voit Oscar, son fils, errer dans une étrange forêt... Elle a été recueillie par un mystérieux vieillard aveugle vivant dans une grande demeure au milieux de livres anciens qui l'engage comme femme de ménage... Jean-Jacques est prêt à tout pour venir en aide à son amie et à cette mère épleurée vers qui il se sent peu à peu irrésistiblement attirer.
Par hasard, un ancien tenancier de cabaret le remet sur la piste de Nelson qui se produirait avec un éclatant succès sur un scène new-yorkaise... Il n'en faut pas plus pour pousser Jean-Jacques à franchir l'Atlantique pour retrouver son ancien collègue... La rencontre, qui promettait d'être tendue, vire au tragique alors que l'existence d'une intrigante pierre noire refait surface... Pour Jean-Jacques, elle pourrait bien être la clef de cette étrange disparition...

Sur une base de rivalité amoureuse et professionnelle somme toute assez classique, Eric Corbeyran a su tisser une trame prenante et originale qui immerge le lecteur dans l'univers plutôt méconnu de la prestidigitation, teintant son récit de fantastique qui titille la curiosité du lecteur... Le récit XIXième se prolonge dans une contrée onirique à tendance médiévale où semble avoir disparu Oscar... De nombreuses questions restent en suspend mais le fait est qu'il est difficile de rester insensible à ce récit plein de charme(s)...
Le trait classique et réaliste d'Eric Chabbert, avec qui Corbeyran avait signé la conceptuelle série Uchronie(s), sert remarquablement bien ce récit, instaurant la nécessaire atmosphère mystérieuse et inquiétante soutenant l'histoire. Ses compositions sont efficaces même si on regrette une colorisation en demi-teinte qui aurait gagné à être plus fine pour accentuer la profondeur du dessin. On ne peut qu'être époustouflé par la superbe couverture de l'album, pleine de mystères et d'élégance...

Après la Promesse du tome 1, le Tour de magie proprement dit se précise... Reste à connaître le Prestige pour pouvoir prendre la pleine mesure de cette série aussi prometteuse et enthousiasmante...