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Cesare, Quattro
Cesare



Fiche descriptive

Histoire

Cesare

Tome 4

Fuyumi Soryo

Fuyumi Soryo

Fuyumi Soryo

Ki-oon

4 juillet 2013

Chroniques

Angelo, qui s’est vu confier la supervision du chantier de la manufacture, promet innocemment à Cesare de lui rapporter tout ce qui touchera à l’avancée des travaux. Ayant eu vent de ce pacte, Miguel conseille au jeune Florentin de ne pas accorder aveuglément sa confiance à son camarade espagnol.

C’est alors qu’un autre personnage approche Cesare : Niccolò Machiavel, agent à la solde de Lorenzo de Médicis. Lorsque l’espion lui confie que l’état de santé de son employeur est des plus préoccupants, le jeune Borgia prend conscience de la nécessité de réconcilier les Médicis et Raffaele Riario avant que Florence ne montre des signes de faiblesse. Tout en prenant soin de s’assurer de l’identité de tous les membres de la Fiorentina, il met en place un nouveau plan…
un chef d'oeuvre!


Un portrait en clair-obscur
Fuyumi Soryo signe avec Cesare une série historique ambitieuse et incroyablement captivante qui entraîne le lecteur au cœur de la Renaissance italienne, alors que le renouveau artistique allait de pair avec lutte de pouvoirs et d’influences. Aux deux premiers tomes particulièrement convaincants succèdent deux albums qui complètent peu à peu le portrait de cet homme complexe et énigmatique que fut Cesare Borgia, fils de Rodrigo Borgia qui coiffa la tiare de Saint-Pierre sous le nom d’Alexandre VI.

Cesare Borgia, prince de la renaissance, a accédé à la postérité sous la plume de Niccolò di Bernardo dei Machiavegli, alias Machiavel, qui le cite fréquemment dans son Prince. Si pour nos contemporains les Borgia sont une famille sulfureuse marquée par le vice et la corruption, leur portrait, peu glorieux et pour l’essentiel composé par leurs plus farouches opposants, mérite bien évidemment d’être nuancé. Après deux premiers mes où la part lumineuse de Cesare était mise ne exergue, Fuyumi Soryo s’attache à présent à faire ressortir ses zones d’ombre, à travers un récit qui dépeint avec justesse une époque pour mieux nous aider à cerner ce personnage brillant et complexe que fut Cesare Borgia…

Alors qu’au Vatican le pape agonise, en coulisse s’organise déjà sa succession, attisant les haines et les rivalités entre Rodrigo Borgia et Giuliano Della Rovere. Dans cette lutte autour du trône de Saint-Pierre, Cesare est l’une des pièces maîtresse de Rodrigo. Par d’habiles manœuvres, il cherche à rapprocher les Médicis de Raffaele Riario qui a trempé dans la Conjuration des Pazzi qui visait à décapiter la famille Médicis. En coulisse, Cesare pousse Giovanni de Médicis à créer une manufacture de textiles, instrument de la réconciliation entre Riario et les banquiers florentins. Angelo da Canossa se voit confier la direction du chantier, tâche dont il s’acquitte avec un évident talent. Avec l’aide de Miguel, il va peu à peu porter un regard plus nuancé sur le personnage plein de charme qu’est Cesare, perdant peu à peu sa naïveté initiale alors que s’assombrit le portrait de Cesare...

Fuyumi Soryo est un conteur des plus talentueux. Son récit est extrêmement fluide. Les regards croisés que porte les différents protagonistes sur le personnage de Cesare lui permettent de composer son portrait par petites touches, à la manière impressionniste. Les regard, émerveillé de Lucrecia, plein de naïveté d’Angelo, désabusé de Miguel, enthousiastes ou plein de craintes des étudiant de l’université de Pise, ou celui aiguisé de Machiavel permettent de mettre en relief tel ou tel aspect de la complexe personnalité de Cesare, guidant le lecteur dans la découverte de ce personnage envoûtant et calculateur. Mais, non content de nous présenter de façon saisissante l’histoire de Cesare, l’auteur immerge le lecteur dans l’Italie de la Renaissance avec une déconcertante facilité. Le microcosme de l’université de Pise, qui contient en germe les tensions qui déchirent l’Europe, est décrit de façon particulièrement saisissante. A partir d’une trame historique solide, et avec l’aide de Motoaki Hara, Fuyumi Soryo comble les lacunes de la vie de Cesare de façon particulièrement convaincante. Le recours ingénieux au personnage d’Angelo, jeune homme naïf ignorant de l’étiquette et des us et coutumes régissant la haute société, permet à l’auteur de décrire de manière fine et subtile ce microcosme ou tout est politique.

Le dessin plein de finesse de Fuyumi Soryo est tout simplement superbe. Sa reconstitution de l’époque, tant dans l’architecture que dans les costumes est saisissante et le travail réalisé sur les expressions des personnages redoutablement efficace. Sa narration et son dessin son d’une rare fluidité et les silences en disent souvent plus long qu’un long discours. Cette talentueuse auteure japonaise, plus connue jusque-là pour ses shôjo, signe avec Cesare son chef-d’oeuvre…

Chaque album est complété par des notes historiques qui précisent le contexte historique pour aider le lecteur à mieux appréhender cette époque. Lexiques thématiques, portraits et notes historiques viennent ainsi compléter la lecture de chaque album, pour le plus grand plaisir des lecteurs amateurs d’Histoire. Le schéma qui ouvre l’album et présente au lecteur les différents personnages en précisant les relations les unissant s’avère lui aussi particulièrement aprpéciable…

La série de Fuyumi Soryo permet au lecteur d’assembler les connaissances éparses qu’ils ont de la Renaissance pour en constituer une fresque aussi envoûtante que didactique. Difficile de ne pas tomber sous le charme ténébreux de ce jeune homme aussi brillant qu’intelligent dont le sens politique aiguisé promettait à un glorieux avenir… Servi par un dessin impeccable et doté d’une structure narrative bougrement efficace, Cesare s’impose au fil des tomes comme une série incontournable pour tout amateur d’histoire et de personnages haut en couleur… Un chef d’œuvre qui prouve si besoin était que le neuvième art peut être tout à la fois instructif et captivant…
Le Korrigan




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