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Les dernières heures de la Prohibition [1/2]
Blue note



Fiche descriptive

Policier Historique

Blue note

Tome 1

Mathieu Mariolle, Mickaël Bourgouin

Mickaël Bourgouin

Mickaël Bourgouin

Dargaud

6 septembre 2013


14,99€

9782205068535

Chroniques
Les dernières heures de la Prohibition [1/2]
Sur un air de swing
Les dernières heures de la Prohibition [2/2]
I went to the crossroads, fell down on my knees (*)

Prohibition, J - 30. Jack Doyle l'a juré : il ne mettra plus les pieds sur un ring et ne se battra plus pour de l'argent. L'alcool, les gangsters, la « gangrène » comme il appelle tout ça, c'est fini ! Pourtant, le passé lui colle à la peau. Et pour un combat, un seul, Jack replonge dans les entrailles d'une ville qu'il aime autant qu'il la déteste. Car New York possède ce charme puissant des « speakeasies » où l'on peut trinquer jusqu'à l'aube et courtiser les jolies femmes. Où l'on s'enivre au rythme des airs de jazz joués par les meilleurs musiciens du moment...
un chef d'oeuvre!


Sur un air de swing
La première claque offerte par ce premier tome de Blue Note est purement visuelle. Le dessin de Mickaël Bourgouin y est une fois encore d’une beauté saisissante. A chacune de ses séries, le dessinateur se renouvelle en créant un nouvel univers graphique saisissant qui porte avec délice l’histoire qu’il met en scène. Son trait nerveux et dynamique qui évoque celui de Vincent Gravé, ses couleurs sépia et ses encrages saisissants évoquant le travail de Cyril Bonin, contribuent à nous immerger dans le New-York (?) des années 30, alors que la prohibition et les speakeasy y vivait ses dernières heures… La façon dont il donne corps à la musique est tout à la fois audacieuse et saisissante alors que ses cadrages et son découpage très cinématographique achèvent de nous convaincre de son immense talent. Mais un dessin, fut-il magnifique ne suffit pas à faire un bon album… encore faut-il un bon scénario porté par des personnages denses et intrigants. Et le fait est qu’avec l’histoire particulièrement inspirée concoctée par Mathieu Mariolle et Mickaël Bourgouin, on est servi…

Ancienne gloire de la boxe, Jack Doyle s’est juré qu’il ne remonterait plus sur un ring, le noble art étant gangréné par le vice, l’argent et la corruption. Mais il s’apprête à renier sa promesse pour un ultime combat, réplique de son dernier, celui qu’il opposa à Harry Walker. L’avait-il alors gagné à la régulière ou ce dernier s’était-il couché contre de l’argent… Pour le savoir, Jack est prêt à revenir dans la ville où il connut la gloire, à renfiler une dernière fois les gants avant de tirer définitivement sa révérence… Dès son retour, la ville exerce sur lui un attrait évident à cause de la musique jazzy qui inonde ses bas-fonds, prouvant que les plus belles fleurs peuvent pousser sur un tas d’ordures… Mais la gangrène a poursuivi son œuvre et la ville baigne dans la corruption comme jamais auparavant et Jack aura bien du mal à sortir indemne de ce dernier round… Quand il se sent pris au piège, il improvise une partition aussi jazzy que risquée…

Le scénario concocté par Mathieu Mariolle est à la fois classique et bougrement efficace. Très cinématographique, on imagine sans peine Gabin endossant le rôle de de Coburn, Brando ou Newman celui de Jack Doyle (sans doute un clin d’œil au boxeur irlandais éponyme qui fut acteur à Hollywood et ténor !), boxeur idéaliste écœuré par les dérives du noble art ou James Cagney incarnant Théo Egan, son ancien promoteur.
On se laisse happer par l’histoire de cet homme en décalage avec son temps, nostalgique de celle, pas si lointaine, où l’honneur n’était pas un mot creux et où l’argent n’avait pas encore tout corrompu. Les dialogues, finement ciselés, s’avèrent particulièrement percutants et la trame sobre de l’histoire laisse une large place aux personnages et à leurs émotions, véritable moteur de l’action. Il y a dans son récit une part des Once Upon a Time in America, dernier film de Sergio Leone ou de A Bronx Tale, premier film de Robert De Niro en tant que réalisateur. On y retrouve ce qui faisait la force de ces films : une histoire chorale forte et évocatrice conté de main de maître, des destins croisés qui se télescopent, pour le meilleur mais souvent pour le pire… mais surtout cette volonté farouche de s’en sortir qui anime les protagonistes, avec comme revers de la médaille le prix à payer…
En situant l’action dans une ville qu’ils ne nomment pas mais qui évoque New-York, les auteurs ont toute latitude pour nous donner à ressentir cette atmosphère si particulière qui y régnait alors, permettant au lecteur d’y projeter ses propres fantasmes de cette période troublée et hypocrite que fut la prohibition.

Les musiciens en herbe percevront derrière le titre de la série la fameuse blue note qui confère au blues (de l’expression anglaise blue devils se traduisant par idées noires) et au jazz cette coloration si particulière, ce sentiment de mélancolie qui imprègne ces musiques et l’histoire de ce diptyque… une mélancolie qui semble couler dans les veines de Jack Doyle.

Blue Note est incontestablement un album puissant qui ne laissera pas indifférent. Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour le second et dernier opus qui nous donnera semble-t-il un éclairage légèrement décalé de l’intrigue vue par un autre protagoniste (un musicien?) nous permettant de mieux en comprendre les tenants et les aboutissants de cette formidable histoire… On en salive d’avance!
Le Korrigan




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