Harden est un dytique sombre et violent signé par Joaquim Diaz dont on a pu admirer le talent de dessinateur dans Jerry Mail dont le scénario d’action débridé laissait quelque peu sur sa fin…

Démobilisé après avoir combattu en Irak, Izmaël revient dans son quartier d’origine à Los Angeles. Engagé pour fuir la violence des gangs qui gangrènent la cité des anges, son passé de gangsta va refaire surface, pour le pire… Sa sœur et son adorable neveu qui l’héberge et le soutient dans son difficile retour à la vie civile va faire les frais des anciens « amis » d’Izmaël, réveillant la bête qui sommeille en lui… Que s’est-il donc passé en Irak ? De quelles expérimentations indicibles Izmaël a-t-il été le cobaye? Quelles drogues de combat lui a-t-on administré, faisant de lui un monstre amnésique sujet à de violentes crises?

Décrivant un Los Angeles sombrant peu à peu dans la violence de la guerre des gangs et exploitant le stress post-traumatique des soldats revenus d’Iraq, Joaquim Diaz ancre son récit dans la réalité avant de le faire dériver vers une fiction évoquant les ambiances des récits sombres, cyniques et désespérés de la littérature cyberpunk. Son trait, formidablement dynamique, ses cadrages percutants et ses audaces visuelles s’avèrent d’une redoutable efficacité. L’ambiance qu’il parvient à distiller au fil des planches est bien plus convaincante que celle d’un Jerry Mail survitaminé. Il prend le temps d’installer ses personnages de façon crédible, étoffant peu à peu le personnage central du récit par le truchement de cauchemars qui sont autant d’inquiétant flash-back. Son trait, ultra réaliste et sa mise en couleur efficace lorgnent clairement du côté des séries américaines et le rythme soutenu du récit ne fait que renforcer cette analogie.
La couverture de l’album suggère parfaitement son contenu, tout en violence un temps contenu avant que tout n’explose…

Sin Pieda (sans pitié) inaugure un dytique urbain et violent particulièrement prometteur qui ravira les amateurs d’anticipation sombre teintée d’une touche fantastique.

Côté inspiration les amateurs de l’excellent jeu rôle COPS trouveront avec ce diptyque une sympathique source d’inspiration pour développer une enquête en transposant à peine le récit…