Olivier Vatine s’est emparé du roman que beaucoup considèrent comme le chef d’œuvre de Stefan Wul pour l’adpater en bande dessinée, avec la virtuosité qu’on lui connaît.

Depuis ses premiers travaux dans l’univers du jeu de rôle, Olivier Vatine a imposé sa patte, son trait plein d’élégance et de dynamisme tendant vers l’épure. En invitant le lecteur à découvrir Niourk, le lecteur du roman a l’étrange impression de redécouvrir un univers qu’il connaît déjà sans pour autant l’avoir jamais vu. La représentation qu’en donne ce talentueux (et trop rare ! ) dessinateur est tout juste saisissante…

Nos sommes au XXVième siècle. Une catastrophe écologique majeure a ravagé la terre, ne laissant que des traces d’une civilisation technologiquement très avancée. L’humanité a régressé à un stade primitif alors que les océans son asséchés. Niourk raconte l’odyssée de l’enfant noir qui imaginait un retour glorieux dans son clan. Mais son village a été détruit par le feu et les siens l’on abandonné, entamant une longue marche vers le nord. Las! Ce faisant, ils vont traverser le territoire d’énormes poulpes mutants nés de manipulations contre nature de savants sans conscience. Grâce au Bâton des dieux, l’enfant noir sauvera les siens mais le répit ne sera que de courte durée. Les membres du clans, contaminés par les poulpes meurent un à un, laissant l’enfant poursuivre sa route seul vers Niourk, une cité qui regorgerait de gibier, si l’on se fie à cet homme étrange volant dans un étrange oiseau de métal… Peu à peu, l'intelligence de l’enfant semble s’éveiller alors qu’il pénètre dans la ville morte de Niourk où certains vestiges semblent encore fonctionnels, à commencer par ces robots qui poursuivent leurs tâches dans des rues désertées, envahies par la jungle.

Le trait épuré de Vatine est toujours aussi envoûtant. Ses plans larges sont réellement magnifiques, retranscrivant la fascination que peut ressentir l’enfant noir en découvrant Niourk, ce que la couverture retranscrit à merveille… Le découpage du roman est impeccable, faisant la part belle au récitatif pour préserver les origines littéraires de l’histoire, mais en ménageant des plages de silence saisissants.

La nature a repris ses droits, se vengeant de l’espèce humaine dont les expérimentations ont profondément bouleversé l’écosystème de la terre. Cette adaptation de cette quête initiatique donne la furieuse envie de lire ou de relire ce roman, preuve si besoin était que cette adaptation est une réussite incontestable… Rendez-vous dans un an pour la conclusion de cette fresque post-apocalyptique née dans l’esprit fertile d’un des plus grands auteurs de SF français et mise en image par un dessinateur au style affirmé…