Stefan Wul est auteur que les moins de vingt ans ne connaissent sans doute pas… et pourtant, certains le considèrent comme le père de la SF française dont les œuvres ont irrigués celles de Moebus, Mézières ou Druillet. Avec cette ambitieuse collection qu’est
Les Univers de StefaWul, les éditions Ankama redonnent un second souffle aux univers du romancier, remettant son œuvre sur le devant de la scène en le confiant à des auteurs et dessinateurs chevronnés, admirateur de l’œuvre de Wul…
Denis Lapière (au scnéario) et Mathieu Reynès au dessin s’empare de
La Peur Géante pour un récit de science-fiction inquiétant où les prévisions les plus pessimistes deviennent réalité. Pour une raison inconnue, l’eau ne gèle plus sur terre, entraînant la fonte des glaces et des neiges qu’on croyait éternelles. En quelques jours, un quart des terres connues est recouvert d’eau suite à un tsunami d’une puissance incommensurable. Il semblerait bien que la structure moléculaire de l’eau ait subitement été modifiée et que les raz de marée qui en ont découlé ne soient que les prémices d’une guerre à venir… D’étranges créatures sans aucun écho radar ont été aperçues. Sont-elles à l’origine des cataclysmes qui s’abattent sur la terre? C’est ce que vont tenter de savoir Bruno Daix, agent de l’A.U.E.M., Kou-Sien Tchei, jeune paléontologue, et Pol Nazaire, catcheur professionnel. L’humanité semble être engagée dans une lutte à mort avec ces étranges entités venues d’on ne sait où…
Si la trame originelle du récit est conservée, Denis Lapière n’a pas hésité à modifier la structure du récit pour mieux le servir. Les personnages principaux ont eux aussi été retravaillé par rapport au roman, penchant du côté des super-héros tant dans leur aspects que dans leurs spécificité complémentaires. Le scénariste ne s’est pas contenté d’adapter le récit de Wul, il lui apporte une note de modernité appréciable qui replace le récit dans une perspective plus contemporaine, la science-fiction faisant nécessairement référence à l’époque où elle a été écrite.
On découvre peu à peu les créatures responsables de la dramatique modification de la structure moléculaire de l’eau mais on ne sait rien encore de leurs motivations. Les lecteurs du roman savent que les hommes de l’histoire ne vont pas chercher à entrer en contact avec ces créatures technologiquement avancée, à chercher à régler, diplomatiquement, ce conflit naissant. La lutte sera âpre et sans concessions…
Le dessin de Mathieu Reynès porte le récit de façon très convaincante. Il met en place par petites touches un monde où la technologie est omniprésente, pour le confort des hommes et des femmes. On retrouve en germe une idée directrice de l’œuvre de Wul : le confort technologique vers lequel semble tendre l’humanité sera la cause majeure de son déclin, voire de son extinction.
Difficile de ne pas voir dans la thématique de ce diptyque des thèmes qui seront abordés dans Abyss de James Cameron quelques trente ans après la publication du roman de Stefan Wul… De là à dire que le scénariste-réalisateur s’est librement inspiré du roman de Stefan Wul…
Ce premier opus est l’amorce d’un diptyque des prometteur qui vient enrichir une collection ambitieuse qui se donne les moyens de son ambition en faisant appel à des auteurs au talent éprouvé. Gageons qu’à l’instar des autres albums de la collection La Peur Géante incitera plus d’un lecteur à découvrir ou redécouvrir l’œuvre de Stefan Wul… Un bien bel hommage en vérité!