Bragon, Mara, Pélisse, le Rige, le Foureux… Pour les amateurs d’heroïc-Fantasy, ces noms évoquent l’une des plus fabuleuses saga de fantasy jamais écrite. Scénarisée par jeune Serge Le Tendre et mis en image par Régis Loisel, cette fresque héroïque fit plus que marquer une génération de lecteurs qui se sont passionnés pour cette formidable aventure. Elle est encore aujourd’hui le maître étalon de l’héroïce fantasy, mais aussi et surtout cette série que l’on relit, même trente années après, avec un incroyable plaisir, se laissant une nouvelle fois prendre par le diabolique scénario de Le Tendre et les sublimes images de Loisel…

« Avant la Quête » est idée ambitieuse et jubilatoire. En lisant la tétralogie de la Quête, qui ne s’est pas interrogé sur le passé des principaux protagonistes? Comment Bragon a-t-il rencontré Mara? Qu’est-ce qui a mis fin à leur idylle? Pourquoi va-t-elle basculer du « côté obscur »? Pourquoi est-il devenu l’élève du si froid et énigmatique Rige et comment l’inquiétant Bulrog est-il devenu son élève? Ces questions, légitimes, étaient autant de jalons qui devraient baliser ce préquel… Car les lecteurs de la Quête connaissent évidemment la situation initiale du premier tome de la série-mère, le sel de ce préquel est de savoir comment les auteurs allaient nous y conduire… Plus que jamais, c’est le chemin qui est important, et non la destination, puisque tous la connaisse…

Nous voici donc mené au quatrième album, celui qui voit Bragon devenir chevalier, par amour de Mara, après avoir suivi l’enseignement du Rige, légende vivante d’Akbar. Bien qu’elliptique, cette partie du récit est remarquablement bien mené. Elle pose les bases de cette étrange relation unissant le maître à son élève et explique les tragiques mais sublimes évènements relatés dans
le Rige et auxquels on ne peut penser sans être parcouru d’un frisson… Les cadrages de ces scènes de combat opposant Bragon au Rige sont à la fois superbes et diaboliquement efficaces. Vincent Mallie a un sens aigu du mouvement et ses planches, storyboardé par Loisel, sont tout simplement sublimes… Auréolé de sa gloire naissante, Bragon va retrouver les siens et le lecteur attentif gardera à l’esprit que leurs heures sont d’ores et déjà comptées… Bulrog arrive à contre-pied dans cette pré-quête, évoquant le jeune et fougueux Bragon de l’Ami Javin... Maladroit, il ne rêve que de devenir l’élève du Chevalier qu’il a vu combattre dans les arènes de Vaguamare Mais, pour l’heure, il a encore fort à faire avec les bouvrelles

. Et il y a ces retrouvailles, fortes et émouvantes entre Mara et Bragon devenu chevalier. Entre leur amour et leur devoir, ils auront à choisir et le dilemme n’a pas fini de les hanter, avec les tragiques conséquences que l’on connaît…

L’album se lit avec un plaisir de gourmet, jusqu’à ce cliffhanger magistralement mis en scène et qui s’attarde sur cette étole ensanglanté, symbole d’une promesse que l’on sait funeste…
Après huit tomes, la magie opère, toujours aussi vive qu’aux premières pages de la Quête. En quelques cases, le lecteur replonge avec délice dans le monde d’Akbar sur lequel commence à s’étendre l’ombre du maléfique Ramor et de ses inquiétants séides. Amours, combats, trahisons, magie et complots sont au rendez-vous, pour la plus grande joie des lecteurs… C’est un réel plaisir que de voir peu à peu s’assembler les morceaux du puzzle et se construire les prémisses de la Quête de l’Oiseau du Temps qui fut, qui reste et restera, la plus formidable saga d’héroïc-fantasy qu’il nous ait été donné de lire…