Geminis Panico séduit d’emblée par son graphisme époustouflant et une mise en couleur impeccable faisant la part belle aux ombres et aux lumières. Ecrit, dessiné et colorisé à quatre mains par deux graphistes virtuoses, les planches de l’album sont de toute beauté et servent remarquablement bien ce conte fantastique sombre et tourmenté qu’est Geminis Panico. La force de leurs images s’avère plus parlante que le texte lui-même et leur découpage, oscillant entre académisme et liberté totale, confère une saveur toute particulière à leur travail graphique.
L’univers dépeint dans le premier tome s’avère très sombre et l’atmosphère pesante, voire carrément oppressante. L’Ordre, état totalitaire imaginé par les auteurs, n’est pas sans évoquer les relents fétides de l’idéologie nazie et leurs recherches malsaine de l’homme parfait au travers d’expériences abjectes menées ici par le monstrueux docteur Klaus J. Zmurder du département « recherche et évolution ».

Sous les coups de boutoirs des armées adverses, l’Ordre n’est plus. Partout, le peuple se soulève dans un déchaînement de violence et de haine pour se venger des années de peur et d’oppression vécue sous le joug de l’Ordre. Zmurder est contraint de prendre la fuite avec les deux jumeaux, son fidèle et dévoué Nordal et Wellan, son assistante qui a découvert l’horreur des expériences menées dans le laboratoire du docteur.

Abordant les horreurs de la guerre par un prisme fantastique, Geminis Panico est un conte étrange et dérangeant qui se densifie avec ce second opus, introduisant une note d’humour salutaire et d’onirisme. Les scènes de violence qui émaillent le récit, évoquant le déchaînement qui a parfois accompagné la libération, renforçent filiation avec la seconde guerre mondiale et l’ombre malsaine du nazisme. Le personnage de Zmuder se fait des plus ambivalents, déstabilisant le lecteur en apparaissant tantôt en inquiétant génie du mal, tantôt en vieillard sénile et ridicule.
Un pan du voile se lève sur les origines des jumeaux et de leur mystérieux et fascinant pouvoir, seul à même d’arracher l’humanité à des siècles d’horreur et d’obscurantisme. Si le récit se densifie avec ce second tome, la structure narrative reste fragile et tient surtout par le dessin virtuose des deux auteurs qui immergent le lecteur dans leur univers sombre et tourmenté. La couverture est une fois de plus sublime, annonçant fort joliment le contenu de l’album.

Avec Quand les enfants sauveront le monde, second opus de ce qui s’annonce être une tétralogie, Robert Cepo et Stéphane Martinez signent un conte fantastique sombre et onirique. Après la mise en bouche du premier tome, ce second opus densifie l’intrigue et captive le lecteur qui brûle de connaître la conclusion de cette sombre et onirique histoire…