Œil pour œil clos le triptyque du chevalier mécanique, série signée par Cédric Mainil et Mor mêlant habilement histoire, cape et d’épée, ésotérisme, complots, société secrètes et énigmes historiques.
A l’issue du second tome, le Chevalier Mécanique n’avait pu empêcher l’inquiétante confrérie du Saint Sacrement de commettre un attentat contre le roi Louis XIV. Victime de ses terribles blessures, le roi rend son dernier soupir à l’abri des regards dans la Forteresse de la Bastille où l’a conduit le Chevalier de d’Artagnan. Mais, alors que la nouvelle de l’attentat se répand comme une traînée de poudre, Louis XIV réapparait, blessé mais bien vivant dans les palais du Louvres, sur le regard médusé de la cour. Miracle ou imposture?
Pendant ce temps, dans le sillage du Chevalier Mécanique s’amoncèlent les cadavres exsangues. Est-il le héros qui sauvera la couronne ou un monstre sans cœur?
Derrière les apparences se cache une amère vérité. Et si tout cela n’était qu’illusion(s)?
Le coktail concocté par Cédric Mainil aurait pu être indigeste s’il n’avait été subtilement dosé. On est en marge de l’histoire puisqu’on côtoie d’éminents personnages mais on plonge aussi dans la légende avec l’énigmatique Masque de Fer ou la mythique Table d’Emeraude, et même dans la science-fiction avec le personnage complexe et tourmenté du Chevalier Mécanique, créature monstrueuse et contre-nature, dotée de sentiments qui le pousseront aux pires extrémités. Le scénario est fertile en rebondissements et l’apparition d’un marionnettiste qui dans l’ombre tire les ficelles est des plus savoureuses alors que la chute, cinglante, est pour le moins inattendue… Cette ambiance Grand Siècle et ses complots matinée de complots n’est pas sans évoquer Masquerouge, série aventureuse qui forçait les portes de l’histoire, signé par de jeunes débutants que furent Patrick Cothias et André Juillard… Ce qui n’est pas pour nous déplaire!
Le trait de Mor, spécialiste de la BD historique, porte ce récit d’élégante façon. Son sens du détail et sa reconstitution minutieuse du siècle de Louis XIV accentuent la crédibilité du récit. Il est dommage que la colorisation un peu datée de Silvio Speca ne rende pas justice au dessin, conférant à l’ensemble une note un peu veillotte évoquant certains anciens titres de la (néanmoins excellente) collection Vécu. A se demander si les planches en noir et blanc ne devraient pas faire l’objet d’une publication sous forme d’intégrale, pourquoi pas!
Voilà un cycle qui s’achève pour l’un des premiers albums financé par l’éditeur participatif Sandawe. Ce chevalier mécanique n’est pas sans évoquer les grandes heures du roman de cape et d’épée qui ont pu bercer votre enfance, teintant le tout d’un soupçon de science-fiction vintage plutôt savoureux. Le personnage d’Ulysse d’Astarac est torturé à souhait, pour en faire véritablement le premier super héros de l’histoire, avec le lot de tourments qui accompagne sa nature complexe… Pour paraphraser l’immense Philip K. Dick, Ulysse d’Astarac rêve-t-il de moutons mécanique? La question reste en suspens…
La trilogie du
Chevalier Mécanique ravira sans nuls doutes les amateurs d’Histoire et d’Aventure, avec un H et un A majuscule! Merci aux édinautes sans qui cette histoire épique et haute en couleur n’aurait peut-être jamais vu le jour!
A noter que les éditions Sandawe ont mis en ligne le scénario et le story-board de l’album, offrant comme de coutume un savoureux bonus aux amateurs de bande-dessinée!