Rockwell est le premier jeu de Bruno Crepeault. Edité après une campagne de financement participatif sur la plateforme Kickstarter, ce jeu de gestion au matériel foisonnant a pour thématique l’exploitation minière. Quatre compagnies minières mineures viennent d’être rachetées par Rockwell, société multinationale qui va les mettre en concurrence pour connaître la plus audacieuse et la plus compétitive.


La boîte de Rockwell déborde d’un matériel de qualité. En plus des cartes, pions cubes et autre meeples, ce n’est pas moins de neuf planches de pions, module de plateau, tuiles, billets qu’il vous faudra dépuncher avant d’entamer votre première partie!

Le matériel est de grande qualité, les tuiles épaisses, les meeples originaux, les cartes toilées très élégantes et les illustrations signées Yuio (Wiraqocha, Nautilus, Dojo, Karnag…) de très bonne facture. La règle (12 pages) est bien écrite, claire, aérée et suffisamment illustrée pour s’avérer limpide.


Le joueur qui aura accumulé le plus de renommé remportera la partie. Il y a trois manières d’accroître sa renommée : faire des livraisons, accomplir des réalisations et, en fin de partie, obtenir des majorité dans chaque minerai.
Le jeu s’achève lorsqu’une majorité de joueurs a atteint le centre de la terre ou lorsqu’un joueur a accompli 9 Réalisations (6 à 3 et 2 joueurs).
Une partie se joue en plusieurs manches, chacune découpée en 3 phases.

1Durant la phase d’Appels d’offre, les joueurs vont enchérir pour placer au mieux leur vice-président sur les plateaux de Centre de Contrôle, de Bourse et d’Atelier.

2Au cours de la Phase d’extraction, phase centrale du jeu, les joueurs enverront leurs équipes forer la mine, s’alliant parfois ponctuellement pour extraire des minerais, en fonction de l’ordre des Vice-Présidents.

3Au cours de la phase de Phase de commerce, les joueurs pourront acheter ou vendre des ressources.

4Durant la Phase d’investissement et de livraison, les joueurs vont pouvoir améliorer leur puissance d’une équipe de forage, sa mobilité, son aptitude à construire des puits et sa protection. Les livraisons permettront au joueur de gagner des points de prestige…


Le filon de l’exploitation minière semble inspirer de plusieurs auteurs de jeux de société (William Attia –Spyrium_, Wolfgang Kramer et Michael Kiesling –Gueules Noires-, Marcin Krupinski et Filip Miłuński - Magnum Sal), pour notre plus grand plaisir. Est-ce pour célébrer les 130 ans du Germinal de Zola? Mystère… Mais ce n’est pas pour nous déplaire lorsqu’ils sont de cette qualité!

Rockwell est un savoureux mélange de mécanismes éprouvés qui sont autant de pièces d’un puzzle ludique qui s’imbriquent parfaitement. Car si Rockwell est incontestablement un jeu de gestion, on y trouve de la pose d’ouvrier, des mécanismes de majorité et d’enchères mais aussi de coopération, contraintes ou volontaires, mais absolument nécessaires… N’allez pas croire que ce cocktail soit indigeste! Bien au contraire, le tout est très subtilement dosé et teinté d’une part de hasard (la carte d’extraction piochée) qui confère au jeu une revigorante fraîcheur…

Les aménagements des règles pour trois joueurs sont indolores et bien pensées. A la lecture, les règles pour deux joueurs, mettant en œuvre un joueur invisible, peuvent laisser dubitatif mais la gestion de ce joueur virtuel s’avère très fluide une fois les mécanismes de déplacement intégrés.

Les interactions entre les joueurs sont très présentes dans chaque phase de ce jeu à la thématique très bien rendue par des mécanismes fluides et assimilés dès les premiers tours de jeu, bien que leurs subtilités apparaissent au fil des parties.

La mise en place (un poil longue) faisant intervenir le hasard, chaque partie de Rockwell s’avère différente, assurant une très bonne durée de vie au jeu. Les parties sont disputées et le mécanisme de corruption et de majorité donne lieu à l’élaboration de savoureuses tactiques.

Rockwell est un jeu pour joueur confirmé doté d’un matériel aussi élégant qu’ergonomique, d’une thématique très présente et d’une mécanique réglée comme une horloge suisse… La durée des premières parties pourra rebuter certains joueurs mais la fluidité des règles et les nombreuses interactions en font un jeu de gestion très intéressant qui ravira les amateurs de cube en bois…



un cocktail subtilement dosé
un plateau original
les élégantes illustrations de Yuio
les interactions entre joueurs


l’absence de résumé au verso des paravents
la longueur des parties (mais plus c’est long…)