Avec
Sultaniya, Charles Chevallier (Continental Express, Intrigo, Gentlemen Cambrioleurs…) entraîne les joueurs au cœur des milles et une nuit pour construire de somptueux palais pour le Sultan…
Règles et matériel
L’alléchante illustration de la boîte augurait un matériel somptueux plein de charmes et le fait est qu’une fois la boîte ouverte, le matériel s’avère très élégants. Les illustrations de Xavier Collette (
Les Trois Petits Cochons,
Croc! ,
Noé,
Time Line) sont tout juste superbes et immergent les joueurs au cœur des contes persans… Les statuettes de Djinns sortant de leur lampe merveilleuse apportent un réel plus et l’esthétisme de l’ensemble s’avère… envoûtant!
En plus d’être beau, le matériel est de grande qualité, comme ceux des autres jeux de cet éditeur d’ailleurs!
La règle (8 pages au format A4) s’avère claire, fluide et très aérées. Seule une petite zone d’ombre subsiste : que se passe-t-il si un joueur dévoile des cartes et qu’il ne peut jouer aucune des cartes présentes ? La logique voudrait qu’il puisse alors passer mais cela n’est pas explicitement précisé dans les règles…
La boîte comporte : 4 plateaux individuels réversibles, 93 tuiles palais réversibles, 10 tuiles Objectifs Secrets, une piste de score et 4 marqueurs de score réversible et 55 Saphirs.
Déroulement d’une partie
Mise en place
Les tuiles palais sont triées en quatre piles (rez-de-chaussée, 1er étage, 2nd étage et toits). A 2 et 3 joueurs, certaines tuiles ne seront pas utilisées.
Chaque joueur choisit un plateau individuel qu’il place devant lui et prennent éventuellement (en fonction du plateau et de la face choisie) des saphirs.
Chacun pioche enfin deux objectifs secrets.
Déroulement
A son tour de jeu, un joueur doit effectuer une des actions suivantes :
1Construire :le joueur peut choisir une des quatre piles et dévoiler des tuiles de celle-ci. Il doit ensuite prendre une tuile disponible et doit la placer dans son palais en respectant les règles de pose.
2Faire appel à un Djinn :en dépensant 1,2 ou 3 Saphirs, le joueur peut faire appel à l’un des quatre Djinns. Ces derniers ont chacun un effet (défausser les tuiles visibles d’une pile et les remplacer par d’autre, déplacer ou défausser une tuile de son palais, construire deux fois pendant son tour ou choisir une tuile dans la pile de son choix).
3Passer son tour :si un joueur ne peut pas ou ne veut pas jouer, il prend 2 Saphirs de la réserve.
Fin de partie
Lorsqu’un joueur construit sa cinquième tuile Toit, les autres joueurs peuvent encore jouer une fois et la partie s’achève. Chacun comptabilise ses points de victoire en tenant compte de son plateau individuel et de ses objectifs secrets. Le gagnant sera celui qui totalisera le plus de points.
l’Avis de la Rédaction
Si le corpus de règles simples de
Sultaniya est rapidement assimilé, force est de reconnaître que le jeu ne révèle ses charmes et ses finesses qu’au fil des parties. Car ce qui a toutes les apparences d’un « simple » jeu de pose s’avère bien plus subtil que cela, offrant une part importante de planification. Avoir une idée de la fréquence des éléments des tuiles permet d’affiner ses stratégies, même si le jeu conserve sa part d’opportunisme.
La règle, simplissime, qui régit la pioche s’avère particulièrement malicieuse avec son double effet kiss-cool. Révéler plusieurs tuiles permet d’avoir un choix accru mais donne aux adversaires un choix plus grand encore et la victoire se joue souvent sur une gestion pertinente de la dite pioche…
L’interaction entre les joueurs est finement emmenée par les différentes façons de scorer induite par les plateaux individuels, tous différents. Un joueur sera en concurrence avec un autre sur les fenêtres, avec tel autre sur les coupoles avec le dernier pour les minarets … et avec tous pour les soldats!
Le pouvoir des Djinns viennent pimenter l’ensemble. Leur utilisation judicieuse permettra de prendre de sérieux avantages sur les autres joueurs mais il ne faudra pas se laisser aveugler par la course aux saphirs qui s’avère pour le moins stérile si on perd de vue ses objectifs!
Par la beauté et la qualité de son matériel, la fluidité de ses règles et la subtilité de rouages de sa mécanique,
Sultaniya est un excellent jeu destiné à un public familial avertit. Néanmoins, une zone d’ombre vient assombrir cet élégant tableau : si les règles sont rapidement expliquées et assimilées par les joueurs, il faudra lors des premières parties que chacun se réfère aux règles pour avoir l’explication de leurs objectifs secrets ou se rappeler du pouvoir de chaque Djinns.
Vu le cœur de cible, cela peut être rédhibitoire pour certains joueurs. Pourquoi ne pas avoir ajouté une aide de jeu (sous forme de tuile ou en l’intégrant au plateau individuel) reprenant ces différents points de règles? Cela aurait fluidifié les premières parties tout en permettant aux joueurs de s’affranchir d’un fastidieux listing d’effets en début de partie tout en rendant quasi inutile de se référer à la règle en cours de partie… Une planche de quatre tuiles supplémentaires aurait-elle par trop augmenté le coût du jeu?
Malgré ce petit bémol, gênant mais nullement rédhibitoire, Sultaniya est un jeu simple mais subtil qui révèle ses nombreux charmes au fil des parties. Ce jeu de pose saupoudré d’une bonne dose de planification envoûtera sans nuls doute un public familial avertit, attiré par l’élégance et la qualité du matériel…
On aime...
les règles simples et fluides
le mécanisme des pioches
la qualité et l’élégance du matériel
On n'aime pas...
l’absence d’aides de jeu individuelles