

Dans le sillage de Chrétien de Troyes, Wace et Geoffrey de Monmouth, la Geste arthurienne n’a pas fini d’inspirer auteurs et scénaristes, à commencer par Jean-Luc Istin qui propose une nouvelle variation autour des figures de Merlin, Arthur et Morgane. Ancrant ses racines dans les mythes celtiques pour déployer ses branches dans la chrétienté, ce prolifique scénariste centre intelligemment son récit sur l’Epée des Hauts-Roi, symbole de pouvoir et de puissance, la légendaire Excalibur…

La magie de Merlin continue de décliner et son pouvoir ne lui permet plus de percevoir l’avenir. Ayant dû choisir entre Morgane et le Destin de la Bretagne, sa petite fille qui l’aimait tant lui voue désormais une haine farouche, aiguisée par Cernunnos, le dieu cornu qui compte bien régner sur les Terres de Bretagne. Urien, follement épris de la belle Elinn, femme du cruel Roi de Cerin, risque de se perdre dans les méandres de l’Amour alors que la Dame du lac recueille le fils du Roi Ban de Bénoïc agonisant… Au sud, les chefs bretons se disputent l’épée dont on dit que celui qui la brandira deviendra Haut-Roi…
Les auteurs puisent avec talent dans l’un des plus grand mythe européen pour tisser une intrigue de haute tenue, portée par des personnages complexes et charismatiques . Ils font souffler sur la geste arthurienne un vent de renouveau revigorant pour nous livrer un récit particulièrement captivant plein de magie ancestrale, d’ambitions démesurées, de haine et de complots. L’ensemble évoque le
Game of Throne de George R. R. Martin, pour la force épique qui s’en dégage, la richesse des personnages et la structure narrative qui alterne les personnages dans une narration parallèle parfaitement maîtrisée.

Mais avant d’être séduit par l’histoire, force est de reconnaître que l’on est d’emblée subjugué par le formidable dessin d’Alain Brion. Chacune de ses cases est un petit tableau. Sa maîtrise de la palette graphique est des plus saisissante tant le rendu peinture est exceptionnel et sa mise en couleur époustouflante… Difficile de croire que ce talentueux dessinateur qui a troqué ses pinceaux pour un stylet soit daltonien tant sa palette de couleur est subtilement utilisée. Son travail sur les clair-obscur est superbe et ses cadrages incroyablement dynamiques. Ses planches, très esthétiques, sont de toutes beautés et enrichissent la vision du scénariste pour former un tout cohérent et savoureux…
Annoncé au départ comme une trilogie, Excalibur - Chroniques comportera selon toute vraisemblances 5 ou 6 tomes… Fol celui qui s’en plaindrait! Le lecteur amateur de la geste arthurienne et de récits aussi bien construit que magnifiquement mis en image ne pourra que s’en réjouir! Ce troisième opus ne dépareille pas et s’inscrit dans la droite ligne du sillon creusé par les deux premiers tomes de ce qui apparaît comme étant l’une des plus captivantes séries du neuvième art consacrée à la légende arthurienne…