Le Pouvoir des Innocents fait partie de ces séries magistrales incontournables du neuvième art. Si vous ne l’avez pas encore lue, cessez séance tenante de lire cette chronique et ruez-vous chez votre libraire, vous ne le regretterez pas! Outre l’histoire incroyable signée Luc Brunschwig et le superbe dessin de Laurent Hirn, il y a plus hallucinant encore : le premier tome de la série a été le premier album écrit par ce jeune auteur qui n’avait alors que 22 ans! Ca donne une idée du talent du bonhomme!
L’action de
Car l’Enfer est ici prend place six mois après le fonal coup de poing du
Le Pouvoir des Innocents. Joshua Logan, l’homme le plus honni des Etats-Unis, principal suspect du tragique attentat où périrent 508 personnes, met fin à sa cavale et se rend aux autorités pour tenter de prouver son innocence. Cyrus Chapelle, un avocat appartenant à la minorité noire et gay va assurer sa défense, assisté par Adam Füreman, son compagnon et ancien journaliste d’investigation. Angelo Frazzy compte bien empêcher l’innocence de Logan d’éclater au grand jour. Il n’hésite pas à faire disparaitre des témoins gênants et à faire faire rouer de coups Cyrus Chapelle… Cloué au fond de son lit d’hôpital, ce dernier continue néanmoins à travailler à la défense de son client, Adam se chargeant de fouiller le passé de Logan pour tenter de démêler le vrai du faux.
Ce second album qui se déroule sur l’espace d’une seule journée, s’avère une fois encore sombre et captivant. Si certains ont pu se gausser en parlant d’auteurs désireux de surfer sur le succès du d’une série pour en tirer deux spin-off, il leur suffira de lire
Car l’Enfer est ici ou
Les Enfants de Jessica pour comprendre qu’il n’en est rien. A travers l’histoire de cette nouvelle série, les auteurs pointent du doigt les travers de la société américaine et appuient là où ça fait mal. Asiles psychiatriques, main d’œuvre étrangère exploitée, militantisme politique, laissés pour compte, mafieux, machine judiciaire qui broie les plus faibles…
La structure narrative de l’album est, comme de coutume avec Luc Brunschwig, solidement charpentée. La narration parallèle parfaitement maîtrisée permet de suivre de multiples intrigues qui se télescopent intelligemment pour former un tout cohérent et vertigineux.
Le dessin de David Nouhaud, sur un storyboard de Laurent Hirn, dessinateur du
Pouvoir des Innocents, est une fois de plus remarquable. Ses cadrages sont incisifs, son trait réaliste d’une redoutable efficacité et sa mise en couleurs impeccable… Difficile de comprendre qu’un dessinateur de cette trempe n’ait pas signé d’album entre 2005 et 2011… Mais le fait est qu’il reprend avec bio les personnages crées par Laurent Hirn, respectant l’univers graphique de la série-mère tout en insufflant sa propre personnalité au dessin… Du grand art, assurément…
Le changement de maquette permet au chaland distrait de mieux faire le lien avec la série-mère et force est de reconnaître que le visuel de couverture de ce second tome est de toute beauté…
Ce second tome de Car l’Enfer est Ici se lit avec délectation. Ce récit sombre et tourmenté mettant en scène des personnages de la série-mère dans un contexte subtilement différent montre à quel point ce projet de Luc Brunschwig s’inscrit dans la continuité du Pouvoir des Innocents, apparaissant presque comme une évidence. L’intrigue est complexe et exigeante, mais tellement prenante qu’on ne peut qu’attendre la suite avec impatience…