Mort au Tsar est le nouveau diptyque signé par Fabien Nury et Thierry Robin qui, après l’excellente
Mort de Staline remonte un peu le temps avec cette nouvelle série pour remonter à l’aube du XXième siècle…
1904. La contestation gronde dans les ruelles de Moscou. Le Peuple a faim et manifeste devant le palais du gouverneur. Ce dernier essuie les cris de haine et les projectiles lache malencontreusement son mouchoir lorsqu’une tomate s’écrase sur lui. Pour l’officier gérant la garde, c’est le signal qui déclenche le massacre du 17 septembre 1904… Sur les pavés ensanglantés gisent hommes, femmes et enfants. Désormais, Sergueï Alexandrovitchle sait que ses jours sont comptés. Car si le Tsar approuve sa fermeté, le peuple, lui, ne pardonnera jamais au gouverneur d’avoir donné l’ordre de tirer sur le peuple moscovite…
Fabien Nury nous avait habitué à des récits remarquablement bien conduit, exploitant avec brio un cadre historique précis et mettant en scène des personnages riches et complexes, faisant de sa bibliographie un sans-fautes, chaque nouvel album se lisant avec délectation.
Mort au Tsar ne dépareille pas et le duo qu’il forme avec Thierry Robin s’avère une fois encore plus que convaincants.
On retrouve la verve et l’humour cinglant et désabusé de la Mort de Staline, dans une Russie qui connaît les premiers soubresauts des Révolutions à venir. Le personnage de Sergueï Alexandrovitchle totalement dépassé par les évènements auxquels il a involontairement donné naissance, tour à tour touchant et pathétique, accepte peu à peu son fatal destin. Il payera pour la haine des Romanov, cristallisant haines et rancœurs… Peu à peu, du conseiller au serviteur, de sa femme à sa fille, donc son oncle Tsar en passant par le bas peuple, tout le monde le regarde comme un mort en sursit, un cadavre respirant ses dernières bouffées d’air…
Le dessin semi-réaliste de Thierry Robin est une fois encore d’une redoutable efficacité. Le rapport du personnage de Sergueï Alexandrovitchle aux décors est traité avec justesse et pertinence, accentuant la solitude du gouverneur et conférant un côté surréaliste à son tragique destin… Bien que vivant, il ère comme un fantôme, traversant le présent comme s’il n’était déjà plus…
Mort au Tsar est un diptyque savoureux dont la structure audacieuse s’annonce plus que prometteuse. Car si ce premier tome est centré sur l’oncle de Nicolas II, Gouverneur Général de Moscou, le second se centrera sur Ivan Kaliaïev, le terroriste qui tua Sergueï Alexandrovitchle le 17 février 1905 … Ce changement d’angle s’annonce particulièrement intéressante d’autant que les rencontres entre ces deux personnages a été soignée…
Un trait virtuose à la personnalité marqué portant un scénario jubilatoire parfaitement maîtrisé… Telle est la marque de fabrique de Fabien Nury…