Quel plaisir d’embarquer à nouveau à bord du Kouklamou et de retrouver ces vaillants et taquins pirates aux trognes improbables et au verbe haut! (Ohohohohoh hisséo!). Loin de s’émousser l’humour jubilatoire et déjanté de cette série n’en finit plus de nous secouer comme des éléphants de mer épileptique (ceci est une
private joke aux gentilles de bonne fortune qui se reconnaîtrons s’ils lisent ces lignes)…
Après moult aventures, le fier équipage du Kouklamou a enfin amassé un fabuleux trésor, si lourd qu’il fait passer leur navire sous la ligne de flottaison… L’étanchéité des galions étant ce qu’elle est, il a fini par prendre l’eau, ruinant la bibliothèque du capitaine… Craignant sa colère, l’équipage tente de lui dissimuler cette mésaventure… Las! L’un des ouvrages a été emprunté au F.B.I., le célèbre
Fameux
Bibliobaot
Inter-mers… Outre des frais de retard proprement hallucinant propre à transformer un lecteur compulsif en analphabète, le dur règlement du F.B.I. stipule qu’en cas de perte d’ouvrage, le contrevenant se verrait saisir la totalité de ses biens… C’est balo quand on a amassé un monumental trésor !… Dès lors, le capitaine Romuald et son équipage n’auront de cesse que de trouver un exemplaire de l’ouvrage en question! Las! La crise du livre fait rage et les librairies tombent comme des mouches…
Truffé de jeux de mots à toutes les cases, ce nouvel opus de Ratafia se lit avec une jubilatoire délectation… Le dessin débridé de Johan Pilet qui a pris la suite de Frédérik Salsedo est d’une redoutable efficacité… Car il en faut un talent certain pour faire ressortir le comique de situation des rebondissements virevoltants sortit de l’esprit débridé (et peut-être un peu dérangé) d’un Nicolas Pothier toujours aussi inspiré…
L’auteur s’amuse avec des variations autour de la crise du livre avec un humour caustique et des avalanches de calembours et de références joyeusement détournées, le tout dans une ambiance potache pleinement assumée que ne renierait pas Stéphane de Groodt s’il était bédéphile… Entre le lectorat qui fond comme les marionnettes et la neige au soleil, les libraires SDF itinérants, les ravagés qui poussent le vice de l’hyper-spécialisation en ne proposant qu’un seul titre (mais quel livre!), le terrifiant libraire itinérant Mamazone qui livre directement les lecteurs à domicile ou aux tablettes révolutionnaires qui incitent les gens à délaisser les livres… tout y passe sans vergogne, pour le plus grand plaisir du lecteur…
Un Besoin de Consolation dérouillera les zygomatiques les plus grippés… Remède contre la morosité ambiante, Ratafia devrait, même si l’abus d’alcool peut nuit gravement à la santé, être reconnu d‘utilité publique et être remboursé par la sécu… Qu’on se le dise…