Avec le nom de Wilfrid Lupano, il était difficile de ne pas partir avec un a priori très positif, chacun de ces albums étant un petit bijou d’écriture et de finesse…
L’Assassin qu'elle mérite,
L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu,
Ma révérence,
Célestin Gobe-la-Lune,
Alim le tanneur,
Le Singe de Hartlepool sont autant d’albums ou de série incontournables pour les amateurs du neuvième art…
Les Vieux Fourneaux, raconte l’histoire de trois septuagénaires pétillants de vie, unis par une solide et indéfectible amitié remontant à leur tendre enfance. On aurait tôt fait de croire qu’ils ont la vie derrière eux tant il leur reste de belles choses à vivre… Par un étrange concours de circonstance, Sophie, petite fille d’Antoine, s’est retrouvée en possession d’une somme faramineuse, donnée par Garan Servier, atteint de sénilité, qui avait eu une liaison avec sa grand-mère… Sophie, en digne petite-fille de son grand-père, décide de donner un coup de pouce à Pierrot et à son groupe de séniors anarchistes, « Ni Yeux, ni Maître », pour financer leur coups d’éclats… Las! Elle signe la lettre accompagnant les billets du pseudo d’Anne Bonny, celui-là même qu’utilisait le seul amour de Pierrot qu’il croyait décédée… Sans le savoir, Sophie va raviver une ancienne blessure et provoquer des évènements en cascade…
Autant le dire sans ambages,
Les Vieux Fourneaux est un petit bijou. Le premier tome était excellent, le second l’est tout autant. Qu’il est bon de retrouver ces vieux bonhomme qui ont encore tant de choses à dire et à faire! Leur amitié indéfectible façon
les copains d’abord fait chaud au cœur et à l’âme. Cette fois-ci c’est autour de Pierrot, organisateur des attentats gériatrique de « Ni Yeux, ni Maître », que va tourner l’intrigue avec cette lettre maladroitement signée Anne Bonny, pseudo utilisé par l’amour de sa vie, avec qui il a partageait les coups de matraques dans les années 60. Persuadée qu’elle lui a envoyé la lettre et les liasses de billet, il n’aura de cesse que de la retrouver. S’en suit alors une enquête à rebours, faite de flashbacks émouvants et portés par des dialogues jubilatoires et truculents dignes d’Audiard.
Une fois encore, Wilfrid Lupano place l’homme au cœur de son récit, avec en toile de fond les luttes sociales qui ont émaillée la fin du dernier millénaire. Ses personnages sont tout à la fois drôles et touchants, crédibles et attachants… C’est une fois encore avec une déconcertante facilité qu’il insuffle une bonne dose d’humanité à ses êtres de papier…
Le dessin semi-réaliste de Paul Cauuet est d’une grande fluidité. Empruntant parfois à la caricature, il signe des planches superbes au service de l’histoire. Ses crayons et ses pinceaux portent un regard plein de tendresse sur ses personnages…
Les Vieux Fourneaux ne dérogent pas à la règle des albums de Wilfrid Lupano. Porté par des personnages forts, des dialogues incisifs et finement ciselés, ses Vieux Fourneaux nous invitent à porter un regard drôle mais lucide sur les dernières décennies et sur la crise sociale et humaine qui rongent notre société… Ces vieux fourneaux qui n’ont rien perdu de leurs convictions nous donnent une formidable leçon de vie… Ce second tome est un petit chef d’œuvre de comédie dramatique, l’un de ces albums qui vous rappelle pourquoi vous aimez la BD…