Lorsque nous parle de la guerre sur les bancs de l'école, on évoque Joffre, Pétain ou Clemenceau, le désastre de 14, les batailles de la Marne, le chemin des dames ou les tournants de 17... au final on occulte l'essentiel : cette somme de destins individuel noyés dans un sanglant destin collectif...

Après les près de 250 planches de Notre Mère la Guerre, œuvre magistrale qui donne à voir la Grande Guerre à hauteur d’homme de façon saisissante, les auteurs poursuivent leur formidable travail en s’intéressant une dernière fois à ces hommes et femmes qui ont vu leur vie pulvérisée dans la boue et le sang des tranchées. Ils nous font part de leur questionnement sur cette guerre, de la façon d’en parler pour qu’on n’oublie jamais ceux qui l’ont vécu, qui ont souffert dans leurs chairs ou dans leurs âmes…

Dès la première histoire, on comprend que le récit de Notre Mère la Guerre prend racine dans l’adolescence du scénariste lorsque ce dernier, alors âgé de 14 ans, s’est rendu à l’ossuaire de Douaumont… D’une grande justesse, les récits qu’il a écrits sont extrêmement touchants et mis en image avec sensibilité par une poignée d’artiste talentueux. Le tout est graphiquement parfaitement maîtrisé, la colorisation de Maël assurant le lien entre ces derniers. Du dernier combat de Charles Peggy à l’engagement de Louis Barthas, de cette jeune femme, éternelle fiancée qui portera le deuil en lieu et place d’alliance, à ces jeunes lancés sur le champ de bataille en passant par ces collégiens pour qui la première guerre mondiale pourrait n’être que le fait de vieux soldats, de fantômes d’un passé révolu…

Notre Mère la Guerre est un récit magistralement mené et superbement mis en image. Ces Chroniques sont un témoignage poignant de la démarche des auteurs et s’inscrit parfaitement dans l’œuvre mémorielle qui entoure le centenaire du début des hostilités, en centrant le propos sur les hommes et les femmes, célèbres ou anonymes, qui l’on subit et qui furent entraînés dans la tourmente de l’Histoire… Une œuvre forte et un témoignage poignant sur la rencontre d’un artiste avec la Der des Der…