A la lisière de l’histoire et du mythe se love la magie celtique où Stonehenge plonge ses racines… Éric Corbeyran s’empare de cette matière pour tisser une nouvelle série superbement mise en image et en couleurs par Ugo Pinson qui signe là un premier album tout simplement époustouflant…

Après un prologue immergeant le lecteur dans la magie de Stonehenge, l’histoire s’amorce en l’an 446 de l’ère chrétienne alors que Germain d’Auxerre, émissaire de Rome aussi puissant que puissant et craint, arrive dans un monastère pélagien pour s’assurer que ses moines suivent le dogme de l’église romaine. Dans la cellule du jeune Ninian est découvert un ouvrage interdit dérobé dans la bibliothèque de moastère… Le jeune moine est jeté en prison et le livre confisqué par l’implacable évêque d’Auxerre. Grâce à Kadog, jeune et énigmatique novice, il parvient à s’échapper, poursuivis par les chevaliers accompagnant Germain d’Auxerre. Leur fuite leur révèle que tous deux sont issus de lignées druidiques qui se sont donné pour but de retrouver la mythique Pierre de Fal, symbole du pouvoir légitime et de la souveraineté, volée il y a des siècles par une tribu barbare au cœur même de Stonehenge…

C’est graphiquement que l’album séduit tout d’abord. Les planches d’Ugo Pinson, dont on peine à croire qu’il signe ici son premier album, sont de toute beauté. Chaque case est semblable à un tableau soigneusement composé et le travail réalisé sur le découpage et les cadrages rendent la narration particulièrement fluide. Le travail sur les couleurs est particulièrement soigné, baignant chaque scène d’une lumière pénétrante, sculptant les ombres au grès des atmosphères qui nimbent le récit.

Passé la contemplation, force est de reconnaître que le scénario de Éric Corbeyran s’ancrant dans l’histoire et la mythologie celtique, s’avère aussi prenant que captivant. La structure narrative audacieuse permet au lecteur d’assembler les éléments épars, du prologue aux principaux personnages dont on apprend les buts et motivations au fil des pages. Les amateurs de culture celtique décèleront les références au Tuatha Dé Danann à travers deux des cinq talismans qu’ils apportèrent en Irlande, dont la fameuse Pierre de Fal et l’épée de Nuada, roi des dieux, plus connue du profane sous le nom d’Excalibur. L’époque historique où se déroule l’intrigue laisse entrevoir l’ombre du mythe arthurien, à travers notamment l’épée de Nuada, rois des dieux, plus connue sous le nom d’Excalibur… L’époque à laquelle se déroule le récit laisse entrevoir les prémices du mythe arthurien, d’autant qu’on y croise quelques-unes de ses figures emblématiques…

Si Stonehenge est une incontestable réussite graphique, le scénario n’est pas en reste. La trame concoctée par Éric Corbeyran, plongeant ses racines dans la mythologie celtique pour étendre ses ramifications au crépuscule de l’Empire Romain, s’avère des plus prometteuses et trouve tout naturellement sa place dans cette fantastique collection…