Rose de Paris entraîne le lecteur dans les nuits parisienne des années folles, alors que Joséphine Baker dansait sur des rythmes endiablés et que Kiki de Montparnasse posait pour les plus grands peintres… Mais les lumières de la ville masquent difficilement ses zones d’ombres…

Paris, 1925. Rose, jeune provinciale, monte à la capitale pour y travailler comme « demoiselle du téléphone » au central Gutemberg de la rue du Louvre. Elle sympathise vite avec Sidonie, une collègue qui lui tend la main et qui va partager son modeste appartement avec elle. Sidonie va entraîner Rose dans les folles nuits de Montparnasse. Elle va côtoyer les grandes figures littéraires de l’époque, de Fitzgerald à Hemingway et de Kisling à Pascin, découvrant un monde totalement nouveau pour elle… Mais chaque médaille a son revers et Rose ne va pas tarder à le découvrir…

A travers le destin de Rose, parsemé de fastes et de drames, c’est le portrait d’une époque que nous livre Gilles Schlesser. Standardiste le jour, elle va côtoyer les fastes et la misère de la capitale, passant de l’un à l’autre en improvisant sa vie. Sensible au discours militant d’une collègue syndicaliste, elle compte bien vivre comme elle l’entend, sans personne pour lui dicter sa conduite. La provinciale timide et réservée va opérer sa mue et s’affirmer dans l’adversité. Les destins croisés d’une poignée de personnage va permettre au scénariste de mettre en lumière tout une faune interlope, des surréalistes aux truands, des musiciens aux tâcherons, des flics aux indics, avec pour bande originale des rythmes endiablées venues d’outre atlantique, du jazz au charleston…

Graphiquement, la partition composée par Éric Puech, nerveuse et pleine de vie, impulse un rythme jazzy à cette fiction très réussie. Son crayonné, parfois rehaussé d’un discret lavis, fait revivre la folie de l’époque avec une saisissante efficacité. Mais, surtout, son dessin met magnifiquement en scène le personnage principal du récit, présent à chaque page : Paris… Car c’est bel et bien lui le véritable héros de l’album. Ce Paris écartelé entre fastes et misères, entre ombres et lumières…

L’auteur de la Saga Parisienne (et de l’excellent Mortelles voyelles) continue de mettre en scène son amour pour Paris à travers une intrigue de facture classique mais dont la narration impeccable associée au dessin nerveux d’Éric Puech entraîne le lecteur dans le tourbillon du Paris tout en contraste des Années Folles. Difficile de ne pas tomber sous le charme de Rose, cette jeune provinciale qui va papillonner dans les nuits parisienne au risque de s’y brûler les ailes… L’album bénéficie en outre d’une édition très élégante avec une couverture rehaussé d’un vernis sélectif du plus bel effet…