Porté par un dessin superbe, une mise en couleur de haute tenue et un scénario de survival intrigant,
Brebis Galeuse, premier tome de
Gung Ho avait d’emblée frappé un grand coup. Cette suite on ne peut plus attendue allait-elle être à la hauteur?
Dans un futur proche, l’humanité a été décimée par la « Plaie Blanche ». L’Europe entière est devenue une zone de danger où la survie n’est possible que dans les villes et les villages fortifiés. Le respect des règles est essentiel à la survie de la communauté. Zack et Archer Goodwoody ont échoués dans la Colonie 16, rebaptisée «Fort Apache», après avoir été chassé de plusieurs orphelinats pour insubordination, indiscipline et violence. C’est leur dernière chance avant d’être expulsé dans la zone de danger. La rivalité entre les différents clans d’ado ne fait que croître alors que l’arrivée de la jeune Yuki dans la communauté va exciter les hormones et la testostérone. L’omniprésente menace extérieure se fait de plus en plus prégnante, même si elle semble prendre un autre visage…
Les auteurs de la
Chronique des Immortels adaptation de la saga de Wolfgang Hohlbein, signent avec
Gung Ho une série puissante et captivante à la frontière entre le fantastique
Seuls de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti (en plus mature) et l’excellent
Walking Dead de Robert Kirkman et Charlie Adlard (en moins sombre)... On retrouve ces tensions inhérentes à l’adolescence dans un contexte aussi inquiétant qu’oppressant. L’atmosphère qui règne sur la série n’est en effet pas sans évoquer celle qui règne dans les films de zombies avec une menace sourde et étouffante qui contraint la communauté à vivre replié sur elle-même, édifiant une muraille entre eux et le monde extérieur. Le rapport qu’entretiennent les ados de la colonie avec les adultes qui la dirigent est savamment travaillé. Il est jusqu’à présent le moteur du récit avec la menace extérieure dont l’ombre plane sur les planches.
Si le scénario, subtil thriller sentimental dans un univers post-apo est rondement mené, force est de reconnaître que la force de la série réside dans son graphisme tout simplement époustouflant. Le travail graphique informatique de Thomas von Kummant est toujours aussi saisissant. Réhaussé par une mise en couleur somptueuse et rafraîchissante, les planches de l’album sont de toute beauté. Joliment composées, elles portent littéralement le récit avec des décors foisonnants et des personnages très expressifs. Les auteurs respectent les codes du genre, suggérant plutôt que de montrer, tant dans les scènes de sexe que dans les scènes angoissantes, pour un rendu magistral.
Le format atypique de l’album (80 planches!) permet aux auteurs de prendre le temps de développer l’intrigue et de poser les personnages. En proposant un récit parfaitement rythmé porté par un dessin de toute beauté doté d’une superbe coloration, les auteurs nous livrent un second tome enthousiasmant dans la droite ligne du premier opus. Si l’univers post-apo qui se construit au fil des pages n’a pas encore livré ses secrets (loin s’en faut!), force est de reconnaître que cette communauté de « Fort Apache » s’avère très attachante, malgré (ou à cause!) les tensions et les dissensions qui la clivent… L’extérieur quant à lui se fait plus inquiétant, et pas seulement à cause des terrifiants rippers…