

Ordures… Un titre qui claque comme un coup de poing dans le bide… du genre de ceux qui vous étale sur le bitume et vous font passer toute envie de vous relever.
Ordures, c’est l’histoire de trois petites frappes, Moudy, Alex et Samir, qui vivent en marge de la société pour ne pas crever au milieux. Trois gars nés sous une mauvaise étoile dans un pays qui n’a rien fait pour les intégrer. N’ayant rien à perdre, ils sont prêts à tout…
Moudy et Alex travaillent dans un centre de tri d’ordures ménagères en banlieue parisienne. Samir, vendeur de cigarettes de contrebande pour se payer de faux papiers cherchaient à les arnaquer lors d’un deal d’herbe. Frères de misère, ils vont néanmoins devenir amis. Mais leur vie va basculer lorsque Moudy tue un vigile pour sauver Alex d’un sauver Alex lors d’une manif de sans-papiers. Moudy continue à tapiner pour se faire un peu de fric, Alex va chaque jour mater une danseuse qui lui a tapé dans l’œil par les carreaux de sa salle de danse alors que Samir file le parfait amour avec Cheyenne, une belle gitane étouffée par ses frangins … Chaque jour qui passe les rapproche un peu plus du gouffre…

Ce polar social concocté par Stéphane Piatzszek et superbement mis en scène par Olivier Cinna s’inscrit dans la lignée des films de Lucas Belvaux. S’attachant à décrire la misère sans sombrer dans le misérabilisme ou le pathos, les deux auteurs nous livrent un récit sans concession mais plein d’humanité. Les personnages, sont froidement crédibles, mus par cette furieuse envie, non pas de vivre mieux, mais de vivre, tout simplement. Porté par des dialogues incisifs et percutants, le récit prend le lecteur aux tripes. Difficile de ne pas être touché par le destin fracassé de ces jeunes marginaux, par cette chronique d’une misère quotidienne.
Rehaussé par un encrage de haute tenue, le dessin noir et blanc élégant et stylisé d’Olivier Cinna, s’avère être plein de vie. Ses décors, parfois à peine esquissés, mettent les personnages sur le devant de la scène… Certaines scènes, muettes, sont de toute beauté, faisant naître des émotions de façon très subtile. La beauté de ses dessins contraste étrangement avec la noirceur de l’intrigue mais met en avant l’humanité des personnages avec finesse et efficacité…
Stéphane Piatzszek et Olivier Cinna signe avec Ordures un diptyque sombre et sans concession parfaitement maîtrisé, tant sur le plan narratif que sur le plan graphique. Leurs personnages sont tout à la fois crédibles et attachants, et c’est l’estomac noué qu’on les suit dans leur lente et inexorable descente aux enfers, vers un final que l’on savait tragique…