Voilà 14 ans que s’achevait avec
Retour a Ruhenberg le second cycle de l’une des plus formidable saga vampirique du neuvième art… Porté par le dessin réaliste fourmillant de détails d’Yves Swolf, qui excelle dans le gothique comme dans le western,
Le Prince de la Nuit présentait un vampire malsain et bestial, à mille lieux du vampire romantique d’Anne Rice. Ce nouveau cycle est l’occasion de s’intéresser à la première mort de Kergan et à sa renaissance aux mondes des ténèbres, l’occasion de lever le voile sur le passé du Prince de la nuit… Tout un programme…
Vladimir Kergan est l’héritier d’un chef de clan du peuple Dace qui donna la mort à sa mère le jour de sa naissance. Chef de guerre audacieux qui n’hésite pas à défier les légions romaines. Mais ses succès guerriers et son ambition démesurée, vont attiser les jalousies au sein de son propre clan… Certains vont œuvrer à sa perte… Il sera prêt à tout pour se venger, même dévouer son âme au Mal…
Après avoir tissé une saga qui s’étalait du moyen-âge aux années noires, voilà qu’Yves Swolfs nous ouvre les portes du passé de son héros, de sa jeunesse fougueuse aux circonstances qui l’ont poussé à signer de son sang un pacte diabolique…C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve le personnage de Kergan, féroce guerrier dace dont les oracles prédisaient la funeste damnation. La structure narrative du récit, qui s’amorce par les mémoires de Kergan, évoquée dans le tome 6 de la série, et se referme de nos jours, sur ces mêmes mémoires, est parfaitement maîtrisée. Si le récit s’inscrit dans une veine classique, le récit n’en reste pas moins captivant, alors que la malédiction de celui qui deviendra le Prince de la nuit est parfaitement emmenée…
Le dessin d’Yves Swolfs est encore et toujours de haute tenue. Il esquisse une antiquité gothique graphiquement superbe, rehaussé par une mise en couleur efficace qui souligne avec un évident talent les différentes ambiances du récit.
Avec son intrigue solidement charpentée faisant la part belle aux complots sur fond de (double) mythe œdipien mêlé d’une forte dose de gothique, Yves Swolfs tisse un drame antique et fantastique de haute tenue, rendant ce grand retour du Prince de la Nuit particulièrement convainquant. En situant son récit aux portes de Carpates (qui tirent son nom de la tribu dace des Carpes), il arque-boute son histoire au mythe fondateur du vampirisme, ce qui ne manque pas de... mordant?