Trois ans après un premier tome remarquable, Philippe Bonifay et Fabrice Meddour nous livrent un magnifique second tome, clôturant un diptyque graphiquement somptueux s’inscrivant dans la lignée du Tarzan d’Edgar Rice Burroughs et de l'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde Robert de Louis Stevenson…

Londres. Le XIXème siècle touche à sa fin. John Arthur apprends douloureusement les codes de ce monde qui se dévoile à lui, une société faite de paraître et de fond semblants où il doit apprendre à maîtriser son animalité. Dans les sombres ruelles londoniennes, de jeunes femmes continuent à se faire sauvagement assassiner… Quel est donc ce monstrueux assassin qui rôde et dont les crimes évoquent ceux de l’Eventreur qui sévit à Whitechapel quelques années auparavant avant de disparaître?

Le scénario audacieux et inventif de Philippe Bonifay fait une nouvelle fois mouche. La construction fragmentée du récit s’avère remarquable, avec ces flash-back qui accentuent le déracinement du désormais John Arthur Livingstone. Enfant sauvage recueilli et élevé par de orang-outang, il découvre une jungle urbaine tout aussi dangereuse, plus encore même peut-être, puisqu’il ne peut y être lui-même. Alors qu’il va épauler l’inspecteur chargé de l’enquête sur les meurtres en utilisant son instinct et ses sens exacerbés pour traquer le meurtrier, l’ensemble des pièces du puzzle s’assemblent pour dépeindre un homme tourmenté, tiraillé entre ses instincts sauvages et son humanité…

Visuellement, l’album est une fois encore un véritable chef-d’œuvre. Le dessin de Fabrice Meddour, rehaussé d’un lavis sépia de toute beauté et rehaussé par les (superbes!) couleurs de Stéphane Paitreau est une fois encore magnifique. Difficile de croire que la colorisation a été réalisée en numérique tant elle est somptueuse… Aussi à l’aise pour dépeindre les rues de Londres que la jungle sauvage, Fabrice Meddour signe sans nuls doutes l’un de ses plus beaux albums.

John Arthur Livingstone - Le roi des singes est une série envoûtante qui mêle avec délice différents genres et ambiances pour un récit tendu, solidement charpenté et superbement mis en image par deux artistes au sommet de leur art… Les amateurs des récits victoriens de la fin du XIXème siècle seront sans nuls doute conquis par ce diptyque de haute tenue aux couvertures léchées…