Après avoir fait ses premières armes dans le neuvième art avec Patrick Cothias, Patrice Ordas, romancier, signe seul le scénario de nouvelles séries historiques et aventureuses captivantes. Dans ce diptyque, il s’empare du personnage de Napoléon pour tisser un récit fictionnel qui se déroule dans les zones d’ombre de l’histoire…
Sans avoir été défaite, la Grande Armée fait retraite à travers les steppes enneigées de Russie. L’Empereur est certain que ses ennemis vont profiter de ce revers de fortune pour tenter de l’assassiner. Martel, officier de sa garde rapprochée, lui propose de lui substituer un sosie. Alors que cet empereur fantoche essuiera les éventuelles tentatives d’attentat, Napoléon poursuit sa route, escorté par une escouade de « vieilles moustaches », des vétérans des guerres napoléoniennes… Ils ne tardent pas à subir les assauts des cosaques, alors que le sosie de l’Empereur est blessé et enlevé…
La couverture très réussie de Xavier Delaporte donne d’emblée le ton, historique et résolument aventureux de ce récit passionnant signé Patrice Ordas. S’il utilise l’Empereur et l’épopée napoléonienne ce n’est pas pour nous proposer une énième variation autour du mythe de la survivance ou de son empoisonnement, mais pour tisser un récit original et captivant qui met en scène un Napoléon au fait de sa gloire alors que le soleil d’Austerlitz amorce son lent et inexorable déclin… Il apparaît dans ce récit comme profondément humain, avec ses forces, ses faiblesses et ses doutes. Les personnages qui l’accompagnent, la comtesse Danilova (dame de compagnie de la comtesse Marie Walewska, maîtresse de Napoléon) à Martel, officier royaliste qui sert Napoléon tant que ce dernier sert la France, s’inscrit dans une veine romanesque enthousiasmante.
Les dessins réalistes de Xavier Delaporte et son encrage nerveux mettent fort joliment en image le récit de Patrice Ordas alors que les couleurs sombres de Sébastien Bouët font merveille.
Porté par des dialogues non dénués d’humour, ce premier tome de La Nuit de l’Empereur s’avère être un récit historique et romanesque captivant. Ce diptyque donne à voir le petit Caporal sous un aspect plus humain alors qu’on s’achemine peu à peu vers la fin de son épopée. Porté par un dessin nerveux, cette histoire de Patrice Ordas s’avère convainquante et c’est avec impatience que nous attendons la chute de ce diptyque…