


Pour les amateurs de polar victorien, Special Branch occupe une place à part, avec ses intrigues bien ficelées et son decorum soigné. Ce cinquième tome entraînera nos enquêteurs à Paris, alors que l’exposition universelle de 1889, celle-là même au cours de laquelle fut bâtie la Dame de Fer…
1889. Le
Sea Horse, un trois-mâts carré chargé de matériel destiné à l’ Exposition Universelle, est coulé par un navire submersible. Les auteurs de ce terrible attentat réclament pas moins de vingt tonne d’or sans quoi ils frapperont les intérêts britanniques lors de l’Exposition Universelle. Robin et Charlotte vont être chargés d’aller enquêter dans la Ville des Lumières…
En France, une cargaison de dynamite a été dérobée et un symbole religieux trouvé sur les lieux à côté du corps sans vie d’un cheminot pourrait bien orienter l’enquête du côté des Fenians, des nationalistes de l’IRB, comme tendrait à le prouver un autre indice trouvé dans la cabine de Charlotte et Robin qui a été fouillée durant la traversée du Channel … La police française oriente son enquête vers les milieux anarchistes…

C’est toujours avec un réel plaisir que l’on découvre un nouveau scénario de Roger Seiter. Doté d’une base historique comme toujours solide, il tisse une intrigue policière efficace qui mêle habilement personnages fictifs et historiques… On y croise ainsi Emile Pouget qui a fondé le
Père Peinard quelques semaines avant les événements de l’album ou François Claudius Koënigstein dit Ravachol qui travaillait alors comme accordéoniste… Les événements traités dans
Paris la Noire sont de nature à l’inspirer pour ses futurs attentats anarchistes, à commencer par le de dynamite, prémices aux attentats du boulevard Saint-Germain et de la rue de Clichy…
La police française semble quelque peu à la traîne dans cette enquête devant l’intuition et les techniques de pointes utilisée par la Special Branch, tel le travail de Francis Galton (cousin de Darwin !) qui systématisa le recours aux empreintes digitales…
Côté dessin, c’est avec plaisir que l’on retrouve le trait semi-réaliste d’Hamo que nous avions apprécié, tant sur les précédents tomes de la série que sur
Noirhomme ou l’excellent
Malbête dont le premier tome nous a enthousiasmé. Son trait et ses couleurs apportent une notre de fraîcheur appréciable et en parfait raccord avec les notes d’humour distillées au fils des pages.
Cinquième tome de la série, Paris la Noire nous propose un polar historique savoureux et joliment mis en image qui déplace l’action à Paris, lors de l’Exposition Universelle de 1889. Bien qu’autoclonclusive, cette nouvelle enquête de Charlotte et Robin permet aux auteurs de mettre en scène un grand-méchant cher aux romans-feuilleton qui devrait faire parler de lui dans de futures enquêtes.