Après avoir signé une magistrale adaptation de la Tétralogie wagnérienne, œuvre qui l’avait profondément marqué dans sa jeunesse, Alex Alice s’attaque à un récit plus personnel encore à mi-chemin entre les récits aventureux et scientifiques de Jules Verne et les histoires poétiques de Miyazaki.
Nos jeunes et moins jeunes héros ont échappé de justesse au plan machiavélique de Bismark en s’envolant à bord de l’éthernef, un étrange vaisseau de toile et de métal propulsé par un moteur fonctionnant à l’éther, substance pleines de charmes et de mystères…
Alors qu’ils étaient sur le point de prouver leur théorie en franchissant le mur de l’éther pour découvrir un espace aussi mystérieux qu’infini, une terrible avarie les oblige à alunir sur la face cachée de la Lune. Le père de Séraphin met tout en œuvre pour ramener l’équipage sain et sauf sur Terre mais le Roi Louis II de Bavière semble nourrir d’autres rêves… S’il ne peut régner en Bavière, pourquoi ne serait-il pas le monarque du Château des Etoiles ?
Avec sa maquette somptueuse et sa couverture évoquant celles des romans de Jules Verne édité par Hetzel (le tout rehaussé par un vernis sélectif!) le lecteur est d’emblée plongé dans l’ambiance romanesque et aventureuse qui baigne le scénario inventif et rafraîchissant d’Alex Alice.
C’est avec réel plaisir que l’on retrouve nos jeunes héros, de Séraphin à Sophie, sans oublier le facétieux Hans, le professeur Dulac (la voix de la raison) et le Roi Louis II, perdu dans ses songes chimériques… Tous sortiront transformés par leur étonnant voyage et de leur séjour lunaire.
Le récit se déroule sur un rythme soutenu sans temps mort, entraînant le lecteur dans un aventureux structuré sur un mode feuilletonesque. La prépublication sous forme de journal n’est sans doute pas étrangère au dynamisme de l’histoire, sans compter qu’elle permet d’admirer le formidable travail graphique de l’auteur. La mise en couleur, réalisée en couleur directe, est tout juste somptueuse, accentuant l’atmosphère si particulière qui baigne le récit. Le dessin d’Alex Alice, en parfaite osmose avec le récit, fait la part belle au rêve et à la poésie, comme une invitation au voyage et à l’aventure.
Graphiquement comme scénaristiquement, c’est un enchantement, une porte ouverte sur un univers merveilleux et cohérent plein de charmes, de sciences et de magie…
S’appuyant sur un background historique solide lui permettant de développer une trame inventive, rythmée et cohérente, Alex Alice signe un diptyque romanesque de toute beauté qui enchantera petits et grands… Le final de ce premier cycle est époustouflant, annonçant une suite jubilatoire que les lecteurs attendent dores et déjà avec impatience… Hommage appuyé aux œuvres de Verne et de Miyazaki, ce Château des Etoiles est un petit chef d’œuvre à ne manquer sous aucun prétexte…