Avec Jour Z, premier opus d’Alice Matheson, Jean-Luc Istin posait les bases d’une série inventive et captivante mettant en scène un infirmière psychopathe au cœur d’une mystérieuse épidémie. Zivorad Radivojevic succède à Phil Vandaële au dessin sur un deuxième tome, tout aussi captivant que le premier…

La vie d’Alice Matheson a basculé lorsque le premier mort s’est relevé. Elle était pourtant sûre de son décès vu que c’est elle qui l’avait assassiné. Car si Alice est une infirmière rudement douée, elle est surtout et avant tout une psychopathe froide qui ne ressent d’émotion qu’en tuant des patients en fin de vie… Elle croyait être le seul monstre de l’hôpital, elle se trompait lourdement… Mais dans le chaos grandissant de cette épidémie de zombies, elle se sent plus vivante que jamais.

Mais les choses se compliquent rapidement pour la serial-killeuse. Sûr de ses charmes, le docteur se fait de plus en plus pressant avec elle. Pire encore, Alexandra Paynes, sa collègue, a surpris Alice en train d’assassiner une patiente de l’hôpital… Si elle parle, s’en est fini de sa petite vie bien organisée… Et comme les ennuis n’arrivent jamais seuls, un patient semble la reconnaître alors qu’elle n’a aucun souvenir de lui…

L’étau se referme peu à peu sur notre belle et inquiétante infirmière alors que, pour compliquer le tout, il semblerait bien que le foyer de l’épidémie soit l’hôpital lui-même…


Difficile de ne pas tomber sous le charme dérangeant de cette série. L’idée de départ de prendre un personnage psychopathe à la Dexter et de l’immerger dans un univers médical peuplé de zombies pouvait surprendre au prime abord. Mais c’est peu dire que cet inquiétant cocktail s’avère tout à la fois audacieux et savoureux. D’autant que le récit est mené avec une intelligence et inventivité indéniables.


Le scénario de ce deuxième opus s’avère aussi prenant que celui du premier. Le scénariste développe de nombreux arcs narratifs qui sont autant de façon d’hameçonner le lecteur pour ne plus le lâcher. On en apprend plus sur le personnage d’Alice et son intrigant passé, de même que sur les origines de l’épidémie qui font monter la pression et l’angoisse d’un cran. A l’instar de Dexter, les monologues d’Alice permettent de mieux cerner son personnage, de mieux la comprendre et de tisser ces même liens de compassion malsaine inspirés par le personnage crée par Jeff Lindsay. Le scénariste joue avec talent sur les mêmes ressorts scénaristiques avec un héros dérangeant qui doit tenter à chaque instant de préserver sa fragile couverture alors que son comportement décalé n’en finit plus d’intriguer ses connaissances…


Côté dessin, Zivorad Radivojevic prend de façon très convaincante la suite de Phil Vandaële qui signait les (superbes) dessins du premier tome, la mise en couleur de Jean Bastide assurant la continuité. Porté par des cadrages très cinématographiques, son trait réaliste renforce le climat morbide distillé par le scénario riche et dynamique de Jean-Luc Istin.


Doté d’une narration impeccable, d’un scénario inventif et rythmé et d’un dessin réaliste de haute tenue, cette série audacieuse confère au lecteur l’impression grisante de suivre une excellente série TV qui renouvelle le genre tout en respectant ses codes. Et le fait est que ce second tome, riche en surprise et en révélations fracassantes, nous fait attendre avec une impatience certaine le prochain opus de la série, alors que l’étau se resserre, inexorablement, autour de la froide et inquiétante Alice…

Jean-Luc Istin dépoussière avec brio le mythe des zombies conférant à son Alice Matheson de solides arguments qui la feront apprécier aux fans les plus blasés des histoires de zombies…