Avec ce quatrième opus, Herik Hanna continue de mettre en scène un à un les sept détectives qu’il a créé pour la série 7. Après Miss Crumble, Richard Monroe et Ernest Patisson, c’est au tour du commissaire Martin Bec de reprendre du service pour un huis clos captivant…
Paris. 1932. Dans la cours d’un immeuble, une femme est retrouvée morte, défenestrée. Rapidement, les soupçons s’orientent vers un vieux clochard du quartier que tout semble accabler. N’a-t-il pas disparu peu ou prou au moment du meurtre? N’a-t-il pas harcelé la victime à plusieurs reprises? Les bijoux, rapidement retrouvés chez un recéleur n’ont-ils pas été proposés par un homme lui ressemblant à s’y méprendre ?
L’enquête aurait pu être rapidement bouclée mais le flair de Martin Bec lui indique que l’affaire est bien plus complexe qu’il n’y parait au prime abord... Et il est prêt à tout pour faire éclater la vérité, même à se mettre son supérieur à dos…
Le scénario de ce quatrième opus de
Détectives s’avère particulièrement bien ficelé. Un immeuble, un meurtre, une poignée de suspect mais aucun témoin. Personne n’a rien vu ni rien entendu. Et à quoi bon puisque le coupable est tout désigné! L’enquête semble simple, bien trop simple aux yeux de Martin Bec, le plus célèbre commissaire du Quai des Orfèvres. En officier chevronné, il va prendre le temps d’interroger chaque témoin potentiel, recouper les informations pour pointer les incohérences et faire éclater la vérité…
Difficile de ne pas penser au commissaire Maigret, né sous la plume de Georges Simenon. Outre l’époque, les années 30, Martin Bec apparaît tel que Maigret aurait pu être dans sa prime jeunesse, tant dans son attitude que dans ses méthodes. La progression de l’intrigue est parfaitement maîtrisée et demeure passionnante du début à la révélation finale, fracassante et formidablement bien amenée…
Côté dessin, le style semi-réaliste de Thomas Labourot s’avère délicieusement immersif. Son trait nerveux et acéré s’avère bougrement efficace pour mettre en scène la truculente galerie de personnages imaginée par le scénariste et retranscrire les différentes atmosphères de cette enquête au cordeau. Suspects et policiers s’avèrent formidablement expressifs tant et si bien que le lecteur guette l’indice insignifiant qui trahira tel ou tel personnage et dévoilera l’identité de l’assassin de cette pauvre femme… Ses planches, rehaussées par les somptueuses couleurs de Lou dont le remarquable travail harmonise l’ensemble des tomes de la série, sont tout simplement superbes, dynamisées par des cadrages audacieux et particulièrement percutants…
Martin Bec – La cour silencieuse propose une enquête policière captivante somptueusement mise en image par Thomas Labourot, aussi à l’aise pour mettre en scène l’imaginaire arthurien (dans son jubilatoire Aliénor Mandragore scénarisé par Severine Gauthier) que dans les polar historique… Détectives est décidemment un exercice de style enthousiasmant dans lequel Herik Hanna excelle… Une série d’ores et déjà indispensables à tout amateur de polars…