



Bien que morts, les zombies ont décidemment le vent en poupe et on ne compte plus les titres et séries qui leur sont consacrés. Néanmoins, quand la qualité est au rendez-vous, il faudrait être bien sot pour s’en plaindre!
Trente années se sont écoulées depuis la terrifiante épidémie qui a décimé l’humanité. Les rares survivants, immunisés contre le mal, semblent attendre la fin sans chercher à reconstruire quelque chose sur les ruines d’un monde dévasté.
Le troisième opus de la série avait abandonné le lecteur sur un cliffhanger renversant…S’il a fallu attendre deux ans avant de lire ce quatrième tome, l’album est clairement à la hauteur de nos espérances. Le scénario concocté par Olivier Péru est une fois encore inventif et immersif. Il est impressionnant de voir comment le scénariste parvient à tisser une histoire originale à partir d’une thématique maintes fois visitées et revisitées.

Jouer sur le facteur temps (six années se sont écoulées depuis le troisième tome) permet à Olivier Peru de développer son intrigue de façon intéressante à une échelle plus large qu’une intrigue uniquement centrée sur une poignée de survivants. Il peut se projeter dans l’avenir du monde post-apo qu’a fait naître l’épidémie, et travailler sur le devenir de l’humanité à une toute autre échelle. Ses personnages évoluent, grandissent et vieillissent, s’adaptant aux contraintes extérieures. C’est peu dire qu’il ne ménage pas ses personnages et n’hésite pas à en sacrifier certains pour accentuer la dramaturgie de la série.
Grâce à l’invention de Clay, Boston peut songer à se reconstruire et à établir un système politique mais la démocratie est-elle le système idéal pour survivre à l’Apocalypse? Des chercheurs islandais travaillant sur le mal sont arrivés à une tragique conclusion qui laisse augurer un funeste destin pour l’humanité. Sur une île proche de Boston, une petite communauté dirigée par un prédicateur illuminé désire poser les bases d’une nouvelle société…
Solidement charpenté, le récit choral d’Olivier Péru s’avère parfaitement maîtrisé. Ces histoires croisées impulsent un rythme haletant à l’album qui se dévore comme une excellente série TV, riche péripéties et fertile en rebondissements…

Graphiquement, le travail de Sophian Cholet est une fois de plus somptueux. Ses cadrages dynamiques et ses plans biens choisis confèrent à la série une appréciable dimension cinématographique alors que son sens du détail et de la mise en scène font une fois de plus merveille. La colorisation de
Jean Bastide qui rejoint la série est comme de coutume remarquable de maîtrise, imprimant des ambiances particulièrement soignées et conférant une identité graphique forte à l’album.
Avec les Moutons, Olivier Peru et Sophian Cholet inaugurent un second cycle qui s’annonce captivant. Inventif et remarquablement bien mené, cette série de Zombies n’a pas à rougir de la comparaison avec les comics d’outre-Atlantique.
Les auteurs parviennent à créer un récit original et immersif sur une thématique pourtant déjà maintes fois exploitées… Complétés et enrichit par les spin-off (Néchronologies) aussi captivants que les albums de la série-mère, Zombies s’impose comme une série absolument incontournable pour les amateur du genre…